Rops lu par...

Lettre de Félicien Rops à Alfred [Delvau]. Mettet, 1865/00/00. Bruxelles, Archives et Musée de la Littérature, ML/03270/0055

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Tu me connais si bien Mon Cher Alfred que je n’essaierai pas de chercher des excuses pour me faire pardonner mon long silence, silence bien impardonnable cependant parce que tu m’aimes et tu sais combien je t’aime, – que veux-tu je te l’ai déja dit, il faut bien que mes amis m’aiment malgré mes défauts puisqu’ils ne m’aimer pour mes qualités.

Ici on commence à se remettre un peu, – tout doucement, la pauvre petite Nichette qui s’en est allée a laissé un bien grand vide, la joie de la maison est partie et l’on a encore tous des larmes aux yeux lorsqu’on regarde à table sa place vide, – sa place qu’elle remplissait si bien la chère chérie ; c’est mon premier grand malheur, Mon Cher Alfred et il faut du temps pour s’habituer à supporter une douleur quand on n’a jamais rien supporté du tout. – Je ne sais pas si c’est le bon Dieu qui se mêle de tout cela mais je sais bien que si c’est lui, je pense comme notre ami Louis Dubois, je

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ne suis plus tenté de faire sa connaissance. Paul, heureusement se porte bien, il me paraît fort et robuste, mais depuis la maladie de Juliette je ne suis plus tranquille.

Je t’écrirai dans quelques jours en t’envoyant une plaque dont je te prierai de faire tirer des épreuves chez Delâtre, je joindrai à ma lettre des épreuves de deux eaux fortes que je suis parvenu à arracher pour toi à la rapacité de Malassis qui donne une épreuve comme si on lui arrachait la tête.

Tout le monde ici te fait de grands compliments. Ne viendras-tu pas passer une quinzaine à Namur ? Allons un bon mouvement : prends une passe et arrive, – tu sais que tu nous dois de fameuses dettes !

Je t’embrasse de cœur.

Ton vieux.

Fély