Lettre de Félicien Rops à [Léon Evely]

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Je le sais comme vous Mon Cher Evely ce sont de mauvaises photographies ces photographies là. Mais il y a chez certains photographes parisiens une bégueulerie (vouluepour vous demander des prix exagérés) dont vous n’avez pas idée. Alors on prend ce qu’on trouve ! Seuls les photograveurs sont raisonnables, mais je ne voulais pas faire photograver ici. Puis cette collection des Sataniques s’est vendue immédiatement, pas par moi fort malheureusement, mais par un éditeur qui y a gagné gros. – Il y aura douze planches des Sataniques& elles se vendront 1000 frs les douze. Vous aurez la collection à prix de croquis, car ce sera un fort travail pour moi & elle sera tirée à un nombre très restreint 50 exemplaires dont 25 dans le commerce. Franchement c’est une belle chose à ce qu’il me parait je le dis naïvement comme je le trouve. Ce sont des gouaches &fort difficiles à rendre.< Cela doit rester une rareté rare>

Je compte sur vous je serai le 2 octobre chez vous avec les 25 croquis.

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Vous me dites de vous donner des croquis « intéressants » – Je ne les choisis pas, puisque, si Dieu ou le Diable me prêtent vie, vous les aurez tous.

J’ai un portefeuille où j’ai jeté tous les croquis, projets, études d’après nature etc etc etc que j’ai crayonné depuis des temps infinis & que je ne voulais « pas vendre » mais donner à des amis ou à des «fins amateurs ». on ne retouche pas plus aux croquis qu’on ne refait une lettre d’amour. Cela m’est de toute impossibilité. Je prends un croquis au hasard,je le nettoie j’en enlève les bavures & les saletés & je respecte mon croquis avec tous ses défauts. Ce n’est plus moi l’auteur de cela, c’est un autre, un Rops que l’on ne peut refaire ni moi ni les autres, le Rops de ce moment là. Voilà. Je ne choisis pas les croquis parce que tous ont leur intérêts sans cela je les aurais déchirés comme j’en ai déchiré 6.000. – Intérêt – à mon point de vue –, bien entendu. Il y a aussi des « paraphrases» de mes eaux fortes, des variations sur des sujets déja faits & gravés, que je m’amusais à reprendre. Vous en verrez beaucoup & je les ferai graver par vous car cela a un intérêt. – Puis si « je choisissais » vous recevriez les plus importants & cela

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vous ennuierait de recevoir les moins importantes après.

Puis on ne peut juger soi-même. J’ai là un croquis de brasseur flamand. Pour moi il est parfait, j’ai vu le bonhomme c’était « cela ». Pour un indifférent c’est un croquis quelconque. Donc à la fortune du pot. Seulement soyez persuadé que tous les croquis envoyés auront leur intérêt.

Il y en a des tas de petitstrès drôles & très heureux souvent, ceux la je les mets à part pour payer la gravure de Ceux que je vous demanderai de graver & dont vous restez propriétaire lorsque je n’aurai pas d’eau-forte en épreuves à vous donner, deux petits croquis au lieu des 4 eaux fortes convenues par exemple, – mais j’aurai presque toujours des eaux fortes, – car je travaille beaucoup& partout. – Quelquefois aussi je vous donnerai six de ces petits croquis au lieu de quatre, parce que cela apportera dans votre collection une note particulière. Beaucoup de ces croquis sont à la mine de plomb & sont des jets de composition.

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Enfin nous nous arrangerons toujours bien & amiablement – c’est certain. Vous savez que Quentin monte une photogravure « énorme. Cela ne vous sourit pas toujours ? Enfin si vous faites de votre affaire à Bruxelles. cela n’est pas plus mauvais au fait.

À Bientôt & dites moi si par hasard vous trouvez amateur pour le Satan.

écrivez 17 R. Drouot j’y suis jusqu’à Samedi prochain.