Lettre de Félicien Rops à [Eugène Rodrigues]

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Depuis le 1er janvier je suis « influenzé » J’en suis à garder la chambre, sans oser sortir, toussant, geignant, jurant le Saint nom de mon Créateur et m’envoyant au Diable, moi, & cette fichue influenza. C’est qu’elle y est ! Points dans la poitrine toux rêche & douloureuse, fièvre, maux de tête, toutes les mauvaises herbes de la St Jean ! Joli commencement d’année ! – Autre chose : « le mariage projeté » ne se fait pas ! Le monsieur, projeté aussi, ne me va pas ! Je ne peux me faire à ses allures « de frère laid » et malgré tous les meilleurs renseignements, & les références les plus honnêtes & les plus aimables : j’aime mieux pas !!! À moins d’un miracle, j’espère que cela en restera là !

Je vais terminer le dessin que je te destinais & dont nous avions reparlé. Quand il sera terminé, nous verrons ensemble ce qu’on pourrait en faire pour le Supplément.

Une chose par dessus tout qui me ferait un bien grand plaisir serait celle-ci :

Tu sais qu’à mesure que je les copiais, ou que je les inventais, ou que je les retrouvais, je te passais les épigraphes nouvelles qui avaient rapport au Supplément, & que tu les copiais, pour les faire imprimer, l’heure

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venue. Ne pourrais-tu pas me passer ces épigraphes ? Composées ou pas composées, imprimées ou pas imprimées ? –

Je ne les montrerai d’ailleurs à personne, avant que le Supplément ne soit paru. Seulement j’ai l’occasion de gagner un peu d’argent en ajoutant quelques croquis à ces « notes » et : « cela me ferait plaisir » pour l’instant, je suis en plein déménagement, je dois payer deux termes, d’avance, p[ou]r pouvoir enlever mes meubles des griffes propriétairales, enfin les ennuis des ennuis, et des ennuis « influenzés » ce qui est un comble je t’assure ! la tête est idiotisée.

Tâche de m’aider en me passant ce tas d’épigraphes, cela peut me rendre un gros service. Je te donne ma parole que rien de cela ne sera divulgué. Seulement j’ai égaré la farde qui renfermait ces notes, (cela est quelque part, ici sous ma main,) et j’en ai besoin de suite ! Viens à mon secours !