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Je vous écris deux mots au grand galop afin que cette lettre arrive en même temps que vous à N dans cette affreuse petite ville toute peuplée de gandins idiots et de bourgeois stupides, mais où je voudrais bien être et que j’échangerais volontiers contre le boulevard des Italiens. Je suis ici triste, ennuyé et ennuyeux, il m’a fallu bien du courage pour m’arracher du théatre l’autre soir ; – enfin ! si vous m’aimez nous réparerons tout cela, mais les deux mois qui me séparent de vous me paraissent bien longs. – C’est que je vous aime Chère Élisa, je vous l’ai dit je ne suis pas comme les petits jeunes gens qui ne risquent aux hasards de l’amour que des cœurs de carton comme au théatre on employe des petits morceaux de papier gris pour imiter les billets de banque, quand j’aime je jette mon cœur pour enjeu, si une femme le perd ou le brise, tant pis pour moi, mais aussi tant pis pour elle ! – vous voyez que je suis bien fier, que voulez-vous,
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j’ai de si gros défauts que je suis parvenu à en faire presque des qualités. – J’ai remis en partant mon vrai cœur dans vos petites mains, – prenez garde : cela se casse !
Je baise mille fois ces chères levres qui m’ont dit de si douces choses.
Je vous aime, – ma plume vous dit : vous mais mon cœur te dit : toi : Je t’aime
Félicien
Paris.
AdresseÀ Madame Mérielartiste-dramatiqueau Théâtre à Namur