Lettre de Félicien Rops à [René Pincebourde]

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J’ai oublié dans ma dernière lettre de vous accuser réception de la devise de Péladan, que je vous remettrai en parfaite état de conservation.

Ma mauvaise chance continue :

Je ne peux être libre Vendredi, donc venez Samedi. Du reste quoique vous en disiez, tout cela ne tient pas à un jour !! et l’Europe anxieuse & palpitante peut avoir les yeux tournés vers le 34 de la rue de Verneuil, (près la rue de Beaune, quai Voltaire,) ses destinées ne s’accompliront pas moins, idéquates à elles-mêmes, si la plaquette Pincebourde est retardée de quelques jours ; les presses de l’excellent imprimeur gémiront, et vous leur ferez un accompagnement plaintif, mais la terre n’en tournera pas moins sur son axe, ne fut ce que pour faire plaisir à Galilée. Voilà comme j’ai l’habitude de prendre les choses graves depuis ma nourrice, dont les tétons me faisaient déja loucher, ce qui m’a mis en joie

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pour le reste de mes jours.

Puis comme les retards ne font qu’embellir la plaquette en question, il n’y a pas trop à s’en plaindre ! Et puis : si cela vous ennuie trop d’attendre je vous autorise à publier sans les quatre dessins-devises.

– Les dessins me resteront, ce dont je n’aurai « nulle vie » comme disent les symbolistes, « ni nulle repenterie ». Donc suspendez vos élégies & ne faites plus vibrer les cordes de votre pleurophone, un instrument dont vous devez avoir fameusement l’embouchure ! ou plutôt le pinçage, car si symboliste que je sois, l’embouchure d’un instrument à cordes, (car le pleurophone est à cordes ! il y a la corde de l’imprimeur, la corde du souscripteur impatienté, celles du client de province qui écrit, & du bibliophile qui désespère etc etc etc &) me parait une expression hasardée un tantinet !

Donc à Samedi et séchez vos larmes, c’est très mauvais en hiver pour les appartements au rez de chaussée toutes ces humiditailleries !