Lettre de Félicien Rops à [Théodore Hannon]

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Je veux bien t'envoyer « Le Lecteur Meissonnier » & l’Éventail quant à la lectrice elle me paraît trop petite.

– Je t'envoie pour ta collection une épreuve de mon premier vernis-mou fait d'après un croquis de 1867 ! –

Donne réponse de Gay, afin que je sache à quoi m'en tenir. – J'ai bien ici un vernis mou

très joli représentant une jeune femme avec son éventail avec deux bonshommes derrière elle intitulée : Folies Bergère et qui t’irait rudement, mais elle est en gage pour 50 francs chez un tireur en taille douce. Et voici comme : Ce tireur, un tireur très habile – « en chambre » : Charvin m'a pris cette planche en me disant je vais vous tirer 50 épreuves merveilleuses sur Japon Blanc mais vous me donnerez 1 fr par épreuve.

Tu dois avoir vu le dessin de cette planche ici – c'était pour Charpentier.

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Ce cochon qui se grise toute la journée m'apporte au bout d'un mois 50 feuilles de Japon jaune, horrible, transparent sur lequel il avait tiré ses épreuves. Furieux je reexpédie le paquet, mais cette Canaille ne veut pas me rendre la planche – Et j'ai été condamné par le juge de paix à payer. Encore plus furieux, je n'ai rien payé du tout. Et comme Charvin l'horrible Charvin ne peut faire usage de ma planche avant un an & 40 jours je ne sais pas encore ce que je ferai. Voilà si tu veux augmenter tes frais de 50 balles je dégagerai la planche. Elle est exactement de la même dimension que ton frontispice & a été gravée en même temps, à peu près. Très jolie planche aussi jolie que le frontispice. Il y a de jolis vers à faire sur elle :

« Pauvre Bébé tu gardais les cochons là bàs dans les prés salés de Bretagne –

tu les as quittés et maintenant tu en cherches de nouveaux.... &c &c. –

Note que je te dis tout cela pour mémoire & ce que j'en ferais c'est pour t'obliger car tu comprends que je ne laisserai pas cette planche se perdre, (– quand ma colère sera passée !!) Impossible te dis-je à mon avis la petite planche de la femme en lecture cela jurerait avec le format des autres planches. Ce serait hideux ! – !!!! –

Je suis trop bibliophile pour laisser exécuter ce crime à livres. – C'est déjà trop de laisser

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fourrer les formats différents du lecteur et de l’éventail !!!

– Je vais retoucher ou plutôt, je retoucherai la bàs les deux planches.–

– Naturellement il faut faire tirer ici.

– Écris-moi vite un mot au sujet de tout cela. Si je te propose cette affaire de la planche Charvin, c'est parce que c'est « une occasion », mais si tu as déja beaucoup de frais, ne te gêne pas !

Bien entendu tu garderas mes planches, il faudra faire aciérer toutes les planches aux frais de la publication (c'est peu de chose.) – Du reste le tirage se fera ici probablement, qui le ferait à Bruxelles ? – Et on t'adressera les frais d'aciérage en même temps que les épreuves. Tu me diras où il faut faire adresser cela.

Du reste je te verrai bientôt – Lundi ou plutôt mardi sans faute je serai à Bruxelles. – tu me diras où il faut te rejoindre. Ne veux-tu pas venir à Dunkerque tu me rejoindrais par le littoral ? en passant par la Panne & nous reviendrions à Nieuport-Bains !!

Écris vite, je te répondrai idem.