Lettre de Félicien Rops à [Théodore Hannon]

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Voici venir les jolis Soleils d’Automne. les feuilles des peupliers vont ressembler à des écus neufs et les forêts rougissent comme mes petites cousines. Ne venez vous pas au pays de Meuse ? La grande Consoude (Symphitum officinale !!) fleurit encore ça et là sur les berges et l’Eupatoire pourpre vous réserve encore quelques fleurs derrière les haies de Arsènes.

L’on sent dans le ciel qui moutonne – l’austère enivrement des choses de l’Automne ! Nous ferons des Sonnets qui retarderont le départ des hirondelles. C’est le mois où d’habitude parture ma muse. Elle porte dix mois comme le rhinoceros. – Le Rhino c’est moi puisque le Rhino c’est Rops ! – Ceci peut vous donner une idée du gâtisme où vous plonge la solitude trop prolongée. – Prenez votre boite à couleurs naturellement – ces dorures doivent être faites ! – Je ne pars qu’au printemps pour la Sicile. – c’est mon Éditeur qui l’a dit. – Je pousse jusqu’à Tunis* * il parait que c’est très beau, & que l’on y empale encore tous les Dimanches. Je n’ai jamais vu empaler que des grenouilles. Cela ne suffit plus à mes férocités d’age viril. De plus il parait que les dames s’y tatouent le nombril d’arabesques intéressantes qui attirent l’attention du curieux & de l’archéologue. Il ne faut pas laisser échapper les occasions de s’instruire et chaque peuple a ses usages !! Pανθαςις ανερ Αθεναïος est toujours ici avec moi et il peint les œuvres de Dieu en pleine pâte, c’est un grand & bon garçon qui a l’air d’être descendu

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des bas reliefs du Parthénon pour faire enrager Slingeneyer.

À propos n’oubliez pas Mon Cher Théo de présenter mes excuses & mes regrets à Mme Hannon pour mon nez fourré dans vos affaires nivelloises, c’est vous qui m’avez poussé ! & je regrette bien à cette occasion d’avoir déplu à une femme aussi sympathique & charmante que l’est Mme votre mère. J’espère me faire pardonner. – À bientôt n’est ce pas ? Il fait vraiment joli ici, et par ces blondeurs et ces rayonnements on est tenté de pardonner au bon Dieu toutes les folies qu’il vous a fait faire.