Lettre de Félicien Rops à [Charles Neyt]

Page 323

Je t’expédie un poulet d’Alfreûsde, un de ses amis de nos amis, Emile Durandeau – le dessinateur est déjà arrivé à Bruxelles et t’attend de jour en jour. Fais-moi le plaisir d’aller rendre visite à Émile Durandeau, ce garçon doit s’emvêter là-bas tout seul, tu le trimbaleras dans les farobouges, (crois-tu qu’il faille deux L à trimballer ?). – Durandeau me fait l’effet d’être une bonne et joyeuse nature, j’ai rencontré à Goës un crétin qui m’en a dit beaucoup de mal, ce qui fait que j’en pense beaucoup de bien, voilà ce que c’est que la calomnie, demande à Basile ; – le susdit crétin était peintre et élève de Ingres, il peignait les dunes de Reverland en lilas tendre et tu veux que je croie des cochons qui peignent les dunes en lilas tendre !

Et des élèves de Ingres !

À propos de lilas tendre, la marchande de papier de Mettet qui est en même temps percepteur des postes et sacristaine m’a vendu de papier lilas en me disant que le bourgmestre écrivait toujours sur celui-là, sur celui-ci veux-je dire, si tu n’es pas content tu n’as qu’à aller te faire foutre.

Page 324

Et le petit Neyt ?

En voilà un petit qui ira bien

Je suis sûr qu’il a déjà le fort chic du père lorsqu’il regarde les femmes.