Lettre de Félicien Rops à [Henri Bonaventure Monnier]

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Ah ça on ne peut donc plus pêcher des goujons dans le lac Érié pendant deux minutes sans être embêté par Monnier ?

Ah vous tombez bien Mon Cher Monnier. Voilà la lettre que j’écrivais à Max Waller de la Jeune Belgique, il y a une heure.

Mon Vieux je ne suis plus aqua-fortiste. Je suis : Tatoueur. J’habite une cabane en sapin audessus de laquelle se balance une enseigne ainsi conçue :

Look ! Look !! Look !!!

Félicien Rops’

of Belgian Academy and French Institut

Scholar and pupil by celebred artistes Bouguereau

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Tatouinger !!!

Emblem’s, Devices, Poëm’s, pictures

drawings, sketches & &c &c &c in three

colours : Red, Bleue, and Yellow !!

Like PARISS !

Instantaneously !!

Look ! Look

Voilà : J’ai rencontré à Syracuse, pas l’ancienne : la New-Syracuse ! le dernier des Indiens Yowas ! Il est prêtre Swedenborgien de la New-Jerusalem, porte un pince-nez bleu & un bison mal peint sur la joue gauche. Il fait « Évêque » à Saratoga, et est fou de Sarah Bernard, – la « Celestian » Sarah.

Ce bison mal peint m’a suggéré l’idée d’appliquer au tatouage les formules de l’art Impressionniste. Ma voie était trouvée ! Je me suis converti au Swedenborgisme & sa Grandeur dans un moment de Confiance m’a autorisé à orner le nombril de sa dame du portrait de François Coppé, son poète de chevet.

C’est fait, en trois couleurs. Mme l’Évêque compte aller à l’Exposition de Paris en 1889. Cette prélate manquant tout à fait de tenue, l’académie sera déshonorée, & foutue ! Voilà ce que c’est que de voyager trop jeune.

Maintenant fichez moi la paix très aimable & très insupportable Monnier. Je retourne à mes filets & à mon bateau.