Lettre de Félicien Rops à Eugène [Demolder]. Paris, 1893/11/29. Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, II/6425/4
Page 1 Recto : 11 Place Boieldieu.Paris 29 nov.J’ai dix minutes pour t’écrire !Mon brave ami Eugène,il faut d’abord que tu me pardonnes de t’avoir caché quelque chose, (que ton flair littéraire a dailleurs deviné,) – et puis j’aime mieux tout te dire en quelques lignes : tu me renverras cette lettre, car comme tu es plus jeune que moi, tu es encore plus mortel, – à mon âge on ne meurt plus ! – et je suis payé, ou plutôt je paie, pour savoir ce que s’égarent les lettres les mieux gardées, – et il faut que celle-ci ne revienne pas sur l’eau – sur « l’océan des âges » !! – Donc rien que quelques lignes. Depuis quelque temps je suis la proie d’un tas d’imbéciles, qui se sont mis à faire la guerre à tous les artistes étrangers non naturalisés. – Il y a longtemps que l’on m’a fait des propositions de naturalisation, avec toutes sortes d’avantages spéciaux trop longs à numérer. Refusées pour toutes sortes de raisons de sentiment, quoique je n’aie guère à me louer de la Belgique ; mais, pour l