Lettre de Félicien Rops à Ernest [Scaron?]. [Mettet], 1857/00/00. Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, II/7036/1
Page 1 Recto : 1CroquisMon Cher ErnestJe t’écris sur un papier à croquis – c’est un coin du bois appelé li taie-Huria que j’ai découvert hier. – Rien de nouveau ici tous les matins je prends mon Musset mon fusil et Dora, je file pour la forêt et je t’assure que je ne m’ennuie pas : les pluies de cet été ontPage 1 Verso : 2encore exagéré la physionomie marécageuse des bois de Mettet, je trouve chaque jour des choses ravissantes dont je ne soupconnais pas l’existence, il y a ici des trous de verdure qui auraient réjouis l’âme chercheuse du vieux Balzac, li taie-Huria dont je t’envoie le croquis est un chef d’œuvre de solitude – les grands troncs d’arbres couchés dans les flaques d’eau ont des allures de crocodiles endormis ; des grands quartiers de grès rose du pays montrent partout leurs pointes chargées de mousses noires, de briarées, et de lycopodes ; le reste est une débauche de végétation, un combat de vitalité luxuriante entre les fougères, les ronces brunes, les équisètes, les sa