Lettre de Félicien Rops à Armand Rassenfosse. Paris, 1888/11/24. Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, II/6957/19/22
Page 1 Recto : 1Paris le 24 nov. 1888.Mon Cher Monsieur Rasenfosse,Je comptais aller moi-même à Liége vous remercier de votre très charmant cadeau. J’ai mis bien du temps à vous répondre, mais j’étais dans un de ces moments de marasme bête, où l’on désespère de son art & de soi, & où on se couperait une jambe pour amuser l’autre. Je m’accuse vis à vis de vous & vis à vis de notre ami Siville qui m’a envoyé son livre – très délicat, & très artiste, – de toutes les mufleries possibles ! Mais, c’est plus fort que tout ! quand je vois l’art misérable & « en dessous » des Grands Rêves, qui est mien, j’ai de vagues envies d’aller dans un coin de Kabylie planter n’importe quoi fut-ce même le bout de bâton a demi brûlé qu’Empédocle laissait aux bords de l’Etna.Je finirai par ne plus faire, ou plutôt tâcher de faire « de l’art ». Chaque fois qu’une femme nue se dresse sur ma table de modèle, je suis pris de peur, & j’ai envie de m’enfuir très loin, le plus loin possible.Page 1 Verso : 2Merci, e