Lettre de Félicien Rops à Eugène Rodrigues. New York, 1887/10/03. Province de Namur, musée Félicien Rops, Amis/RAM/92
Page 1 Recto : 1New-York Lundi3 Octobre 1887Hôtel de la 5e Avenue.Mon Cher Amije t’envoie deux mots au plus vite : Assez bonne traversée, deux jours de gros temps, dont une nuit de tempète superbe. Une mer démontée par un furieux vent du Nord sous un clair de lune de theâtre. Je me suis glissé, malgré la défense, en m’accrochant aux cordages d’étai jusqu’à l’avant, brossé par les vagues qui balayaient le pont, mouillé, coupé, sans souffle, mais le plus heureux des peintres. Je voulais, c’était mon rêve aller jusqu’au taille-mer m’accrocher au beaupré & augmenter la sensation aigue d’admiration, & même d’épouvante, que j’éprouvais, – mais j’ai été découvert par le maître d’équipage, qui s’est mis à gueuler, à siffler, à jurer : J’ai été empoigné par deux animaux dégoutants – c’est le mot, on a ouvert une écoutille & je me suis retrouvé sur les marches de l’escalier des troisièmes, à coté de deux Italiennes en prière. – On n’admettait pasPage 1 Verso : 2qu’un passager des 1ères ait pu en