Page 1 Recto : 1
Monsieur Verlaine14. Rue Royer-Collard. Page 1 Verso : 2
Mon Cher Monsieur Verlaine
Je reçois votre lettre & je vous remercie de votre très aimable insistance. Le frontispice est en train. J’ai remis hier à la poste par paquet chargé, ou plutôt par « grosse lettre » le très précieux manuscrit à vous adressé, suivant nos conventions. Je l’ai lu avec grande attention & admiration. C’est un livre d’une couleur bien particulière, & qui justifiera son titre. Le frontispice se composera de deux figures symboliques : L’une très folle, un peu douloureusement ; l’autre : grave, triste austère, presque résignée : dos à dos, sur le dessus d’une espèce de socle sur lequel « basreliefent » dirait Péladan les deux figures dont je viens de vous parler se tient accroupi une espèce de sphynge androgyne, à l’air féroce & mystérieux qui regarde vaguement. Ceci représentera si vous le voulez, le côté très tangible des passions doubles & étrangement hautes, que vous manifestez par de très beaux vers non seulement dans le livre qui nous occupe mais dans les précédents. – Je fais un frontispice verlainique, & non pas spécialement pour Parallèlement. – Du reste après celui là j’en ferai un spécial pour un prochain livre de vous. Je veux avoir l’honneur de mettre mes imaginations à côté des beaux vers de notre temps afin qu’ils testent de mes ferveurs. – Le reste je m’en fous ! À vous bien.
Page 2 Recto : 3
P.S. Vanier est venu hier, j’avais encore le manuscrit, je n’ai pas voulu le lui donner, & j’ai dit que je vous l’avais envoyé. Je ne l’ai mis qu’hier assez tard, à la poste. Je lui ai montré la sphynge en question. – Je ferai le portrait de Vanier dans mon Éloge de la Folie. Les passions les plus viles, se mêlent aux Jeux & aux Ris, sur mon masque d’empoisonneur pauvre. C’est très spécial ce mufle sans en avoir l’air. –
À Bientôt j’espère,
Félic. R