Lettre de Félicien Rops à [Homme inconnu]

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Je ne vous écris que deux mots & vous m’excuserez je l’espère lorsque j’aurai l’extrême plaisir de vous voir & de vous en déduire les raisons comme disait mon professeur de rhétorique. Je suis chargé de vous dire de vous apprêter à venir à Bruxelles pour deux ou trois jours – mettons six jours, il faut toujours doubler les doses dans les potions sucrées ; – Probablement à la fin de cette semaine ou au Commencement de l’autre.

Dormez donc tranquille en attendant ces heures charmantes. – Moi je spleenétise, je baîlle, j’insulte la Providence qui

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nous fait tomber des morceaux de déluge sur la tête ; & je crois bien que dans deux ou trois mois, je partirai pour des pays bizarres & innomés, afin d’aller épandre sur des humanités plus drôles les fantaisies de mon agréable toquerie. – Le Gouvernement, en sa sollicitude, veut bien à ce qu’il paraît m’envoyer en mission en Portugal pour réclamer je ne sais quel Rubens égaré à Lisbonne. J’ai toujours rêvé courir dans les Algarves, me faire enlever par des brigands frisés comme dans les opéras comiques, avec de la musique de MrAuber, & séduire une brigande sérieuse qui me ferait des bleus sur les pectoraux !

Que voulez vous ? Ce monde me paraît désespérement goîtreux & je voudrais voir si le bon Dieu est aussi bête qu’il en a l’air. – Voilà pourquoi je cherche les occasions de lui rendre cette âme qui

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je l’espère n’a rien de commun avec le Créateur niais & un peu bonasse qui se fourre le triangle d’azur dans l’œil & dont la crainte est pour les gens sérieux le commencement de la sagesse. Moi je n’ai pas commencé puisque je ne voulais pas finir.