Page 1 Recto : 1
N°2. Rue du Marché des Blancs ManteauxParis le 5 nov. 1893
Mon Cher Monsieur Deman,
Je vous assure que relativement à vous je n’ai eu, & je n’avais aucune raison d’avoir, la plus légère « mauvaise pensée. mais je pensais, comme vous d’ailleurs, que au point de vue pécuniaire ces lettres pouvaient avoir une certaine valeur, qu’il n’y aucune improbité, ni aucune indélicatesse à ce que vous les fassiez passer dans une vente d’autographes. Mais aussi que le quelconque acquéreur de ces lettres, pouvait être aussi, d’humeur à en vouloir profiter malhonnêtement, et à essayer vis à vis de moi d’un léger chantage. – Cela m’est arrivé déjà deux fois, depuis que j’ai un peu de réputation. C’est pour cela que, voulant me garder préventivement, je vous ai proposé de me vendre les lettres en question ; voilà tout ! Il est bon de prendre ses précautions contre certains bandits qui profitent de tout pour vous faire donner de la voix ! Je n’ai jamais peur pour moi, mais, pour « l’autre » car il y a toujours « une autre. » J’accepte vos propositions. Gardez donc ces lettres, Mon Cher Monsieur Deman, jusqu’à ce que je fasse, et ce sera à la fin de l’année au plus tard, l’échange convenu. Je sais qu’avec vous j’ai beaucoup promis, et peu tenu, mais on ne devient pas aveugle tous les jours, et je me trouvais en cas de force majeure !
– Ah ! je ne voudrais pas recommencer les deux années qui viennent de s’écouler !
Mes bons Compliments & a bientôt un bout de lettre à propos du catalogue-Rops
Félicien Rops