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20 février 1895
Mon Cher Monsieur Deman,
J’ai vu hier Mallarmé à la réunion préparatoire, chez Daudet, des membres du Comité de Goncourt. Je lui ai dit que je vous écrivais, & que de son côté, il veuille bien vous prier d’écrire à Dujardin (28 Rue Vavin) comme éditeur. Voici pourquoi Dujardin est un héliograveur original, dans le genre de Rops, qui ne travaille guère qu’à ses heures, et quand l’éditeur lui met l’épée aux reins. Il a le dessin de la grande lyre depuis pas mal de temps & je réclame la planche, mais si vous lui réclamez la planche vous-même la planche cela fera bon effet. Dites lui qu’aussitôt terminée, il veuille bien la faire remettre chez moi rue du marché des Blancs Manteaux contre remboursement, – qu’il vous rendra un véritable service, (il est très sensible aux politesses !) et si on le rudoie, nous n’aurons pas la planche avant Paques & la Trinité.
MrDujardin
héliograveur
28. Rue Vavin
Moi aussitôt la planche reçue, je m’y colle & vous recevrez en trois ou quatre jours l’épreuve
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de la planche retouchée, finie; et avec marges du premier état. –
Voilà, cela sera fort bien si Dujardin se décide à presser son travail.
Bons Compliments,
Félicien Rops
Je voudrais un petit changement aux conditions pour le travail des marges à faire :
au lieu de vingt-cinq ou trente épreuves de la Tante Johanna, comme cette planche a énormément tiré, et n’a plus de valeur, je préférais au lieu du nombre fixé d’épreuves, rentrer dans la propriété de cette planche. D’autant plus qu’elle m’a été volée, & que j’ai droit a rentrer dans sa propriété, attendu que la personne qui l’a vendue, ne pourrait justifier de sa propriété. C’est le désir de l’anéantir, qui me la fait vouloir. comme je veux faire disparaître toutes mes planches je les rachète dans ce but.
Du reste l’importance des marges dépendra de votre acceptation.
Donc : cinq exemplaires de la 2e édition du Catalogue et la planche de la Tante Johanna pour des marges très ornées, voila l’échange, & un échange raisonnable ce me semble !
