Sexe
Masculin
Dujardin, Édouard (1861-1949). Romancier, poète et dramaturge français. Directeur et éditeur, de 1886 à 1888, de La Revue Indépendante (1884-1895).
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Page 1 Recto : 1Paris, jeudi soir.Ah Blankenberghe ! la plage ensoleillée, les bonnes causeries dans le sable blanc, la mer bleue, les routes ombreuses de Walcheren, l’Abdy-Hôtel de Middelbourg, le roulis de l’Antwerpen et Miss et Mary et Alice, comme tout cela est loin ! comme tout cela est près ! En plongeant les mains dans mes poches je sens le sable des dunes que votre sollicitude leur prodiguait et je porte fièrement comme la Toison d’or, votre ceinture, petite déesse sortie des flots pour désespérer les peintres !La vraiment bonne chose que la vie, n’est-ce pas ? et comme l’on ne sait jamais ce qu’elle va vous dire ! On est triste, spleenétique, désespéré. On trouve les hommes bêtes et lâches, les femmes vulgaires, trompeuses et sottes, les chiens sales, les jours sombres, et puis voilà que tout devient blond et rose et que l’on se met à remercier le bon Dieu qui n’en peut mais, et qui ne sait pas de quoi. Tout semble charmant, Dujardin est joli, Van Bogaërt spirituel, la bavière
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Page 1 Recto : 1La Guymorais par St Méloir des Ondes (Ille & Vilaine)Mon Cher Monsieur DemanNous arrivons ici avec mon gros cousin Demolder de retour d’une excursion à travers ce que nous appelons la Bretagne archéologique : Rennes, Vitré, Fougères, et le Mont St Michel. Votre lettre m’arrive aujourd’hui & nous allons en causer à la bonne franquette.Je ne peux dès l’abord, aucunement publier à nouveau le frontispice en question, sans une lettre de Stephane Malarmé à moi adressée, qui me demande de remettre en lumière cette planche.Songez que j’ai une responsabilité vis à vis des premiers acheteurs qui ont payé fort cher l’édition publiée par Dujardin, et ne l’eusse peut-être pas payée ce prix là, s’ils n’avaient pas eu une presqu’assurance que cela resterait « une rareté ». C’est fort délicat.– Au cas où Stéphane Mallarmé veuille bien assumer cette responsabilité, et m’en dégager, moi, je mettrai à votre disposition un certain nombre d’épreuves égal au nombre d’exemplaires que vous p
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Page 1 Recto : 12. Rue du Marché des Blancs ManteauxMon Cher Éditeur,La matérialisation du frontispice de la grande lyre va avoir lieu. En attendant je vous remercie de l’envoi du catalogue F.Rops. Cela m’a fait très grand plaisir, & j’ai à ce propos une proposition à vous faire : Je vais donc vous établir un frontispice, mais si vous le voulez je vous ferais un premier etat, avec des croquis intéressants en marge, qui feraient de ce premier état une chose intéressante & amusante. Vous pourriez mettre ce premier état en vente au prix de vingt frs l’épreuve, facilement. Pour ce travail qui me coutera quelque peine nous pourrions nous entendre à l’amiable. Je vous demanderai quatre exemplaires du catalogue et en plus vingt cinq épreuves de la Tante Johanna et douze épreuves de ce premier etat de la grande lyre. Voilà c’est simplePage 1 Verso : 2et vous voyez que je ne suis pas trop exigeant.Un mot je vous prie, vous pouvez compter sur le frontispice et si nous nous entendons sur le 1er É
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Page 1 Recto : 120 février 1895Mon Cher Monsieur Deman,J’ai vu hier Mallarmé à la réunion préparatoire, chez Daudet, des membres du Comité de Goncourt. Je lui ai dit que je vous écrivais, & que de son côté, il veuille bien vous prier d’écrire à Dujardin (28 Rue Vavin) comme éditeur. Voici pourquoi Dujardin est un héliograveur original, dans le genre de Rops, qui ne travaille guère qu’à ses heures, et quand l’éditeur lui met l’épée aux reins. Il a le dessin de la grande lyre depuis pas mal de temps & je réclame la planche, mais si vous lui réclamez la planche vous-même la planche cela fera bon effet. Dites lui qu’aussitôt terminée, il veuille bien la faire remettre chez moi rue du marché des Blancs Manteaux contre remboursement, – qu’il vous rendra un véritable service, (il est très sensible aux politesses !) et si on le rudoie, nous n’aurons pas la planche avant Paques & la Trinité.MrDujardinhéliograveur28. Rue VavinMoi aussitôt la planche reçue, je m’y colle & vous recevrez en trois o
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Page 1 Recto : 1Paris le 22 février 1895Mon Cher Monsieur Deman,Je viens de recevoir la planche * Je veux dire les premières épreuves. Dujardin ne m’a pas encore envoyé la planche. Je lui écris de me l’envoyer contre remboursement. Aussitôt reçue, je vous enverrai le reçu. Cela coutera (je juge d’après le travail de Cent à cent & cinquante frs. . Elle n’est pas mal, mais il faut de la retouche. Répondez-moi si vous acceptez mes propositions relatives à la « Tante Johannã ». Je vais me mettre aux marges, difficiles à faire à cause de leur petitesse.Cela va donc marcher.À Bientôt le plaisir de vous lire.F.R
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Page 1 Recto : 1Paris Samedi 23 février 95.Mon Cher Monsieur DemanJe vous ai annoncé que MrDujardin avait été particulièrement aimable avec moi en ne me faisant pas attendre le cuivre outre mesure. J’ai aujourdhui déja travaillé à la planche, Mercredi j’aurai tout retouché, & je pourrai me mettre aux marges, Jeudi. Quand cela sera harmonisé, cela pourra faire une planche très fine & d’un fort joli aspect me semble-t-il. Je vous enverrai Jeudi ou Mercredi même peut être une épreuve tirée par Nys du premier état sans les marges, avec le reçu de Dujardin. Dujardin qui est en veine de gracieuseté à mon endroit ne m’a demandé que cent francs pour la planche, au lieu de 150, qu’il demande d’ordinaire pour des planches de ce format.Veuillez me faire parvenir ces Cent francs, s’il v.p. – Vous savez qu’à Paris depuis MrFaure le président jusqu’à Faure le baryton on n’a jamais trop d’argent.Si vous pouvez m’envoyer quelques pages du texte de Malarmé pour les croquis de marge, cela me ferait gran
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Page 1 Recto : 1Lundi.Mon Cher Monsieur DemanJe suis de votre avis, c’est cher le Dujardin, mais il faut songer qu’il est le seul qui puisse lutter avec les Allemands, et qu’il demande jusqu’à mille francs, pour un portrait un peu grand. Il a été très modéré pour cette fois. Tous les autres photograveurs Parisiens n’existent pas. Goupil est encore plus cher, & ne livre que des cuivres galvaniques, sur lesquels mon vernis mou & mes pointes sèches légères ne donnent pas de bons résultats. Les cuivres dont se sert Dujardin sont bien planés, ce sont d’excellents cuivres ; puis il comprend la retouche des graveurs, et vous donne des morsures, qui peuvent disparaitre en laissant votre travail dernier, & qui vous empêchent de devoir faire tous les travaux de décalque abrutissants, & qui ôtent la fraicheur de l’exécution. Tous les graveurs de Paris font ébaucher leurs cuivres par lui. Un cuivre un peu important se paie 500 ou 600 francs. Estimons nous heureux de ne payer que 100 au lieu de 150
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Page 1 Recto : 128 fév 1895La voilà retrouvée cette lettre !! Mon Cher Monsieur DemanDès que je tirerai des épreuves, je vous en enverrai une. Je ne tire jamais d’épreuves de la photogravure avant qu’elle ne soit tout à faitretouchée & que je n’ai fait en marge un croquis. C’est un avant premier état. Une épreuve pour vous, pour Mallarmé, une pour Ramiro, (pour la description) pour moi, une pour Nys l’imprimeur, cela nous fera cinq épreuves. Cela vous fera attendre le premier etat « vrai ». Si voulez j’en tirerai deux épreuves pour vous, mais pas plus ! Songez que nous tirons sans aciérage et j’ai ajouté à la photogravure un ciel à l’aqua-tinte d’une délicatesse et d’une finesse idéales. Un rien & le ciel n’y serait plus ! Je fais faire ces photogravures en pâles décalques & c’est ce que les photograveurs courants réussissent le moins. C’est pour cela que nous avons recours, malgré ses prix élevés à Dujardin. Il fait des décalques sur cuivre pâles et nets. Malgré l’épaisseur des vernis
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Page 1 Recto : 1Dimanche 3 mars,Mon Cher Monsieur Deman,Avez vous reçu un bout de lettre de moi vous accusant réception des cent frs pour Dujardin ? avec le reçu de Dujardin, joignant. J’ai un domestique, que je vais d’ailleurs renvoyer à son vignoble, qui perd mes lettres, et qui mes lettres perdues, ne sait pas si elles ont été jetées à la poste ou non. Envoyez moi s’il vous plaît, un mot pour me dire, sur une carte postale ce qui en estMes bons Compliments,F.R
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Page 1 Recto : 1Paris2 R. des Blancs Manteaux.Mon Cher Monsieur Deman,Au reçu de la présente, faites moi le plaisir de me repondre catégoriquement sur votre conscience, à la question suivante : Que pensez vous moralement de Monsieur Édouard Dujardin, ancien Directeur de la Revue Indépendante ? ?? ? Sous le sceau du secret le plus absolu bien entendu, vous pouvez être certain de toute discrétion. mais la chose est d’une très grande importance, et j’ai besoin d’une opinion nette, J’ai besoin d’une réponse pour Vendredi s.v.p.Important.Ma fille qui arrive avec moi, des champs vous envoie tous ces remerciements pour vos beaux et bons souvenirs et y est fort sensible.Mes bons Compliments à tous deuxFélicien Rops