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Lundi.
Mon Cher Monsieur Deman
Je suis de votre avis, c’est cher le Dujardin, mais il faut songer qu’il est le seul qui puisse lutter avec les Allemands, et qu’il demande jusqu’à mille francs, pour un portrait un peu grand. Il a été très modéré pour cette fois. Tous les autres photograveurs Parisiens n’existent pas. Goupil est encore plus cher, & ne livre que des cuivres galvaniques, sur lesquels mon vernis mou & mes pointes sèches légères ne donnent pas de bons résultats. Les cuivres dont se sert Dujardin sont bien planés, ce sont d’excellents cuivres ; puis il comprend la retouche des graveurs, et vous donne des morsures, qui peuvent disparaitre en laissant votre travail dernier, & qui vous empêchent de devoir faire tous les travaux de décalque abrutissants, & qui ôtent la fraicheur de l’exécution. Tous les graveurs de Paris font ébaucher leurs cuivres par lui. Un cuivre un peu important se paie 500 ou 600 francs. Estimons nous heureux de ne payer que 100 au lieu de 150 frs prix le plus bas d’habitude de son tarif.
Donc chose convenue : marges faites contre cinq exemplaires de la 2e édition du Ramiro (c’est bien cinq que nous avions dit,)
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et la planche de la Tante Johannã. Seulement n’en tirez pas trop, afin que la planche ne soit pas trop éreintée, car dans le susdit volume de Ramiro, cette pauvre Tante Johannã a déja gagné les pâles couleurs. C’est pour cela que je vous disais que sa valeur commerciale n’existait plus du tout.
À Bientôt les marges et les épreuves.
Ce sera fort amusant je crois, je suis en joyeuse disposition, Paris est fleuri comme une rosière, le soleil est partout et l’on est sorti enfin des glaciers, et de toute cette Nowégerie qui écarlatise les petits nez des Parisiennes, et qui les fait pleurards et sentimentaux.
Avez vous encore des lettres de moi offrant quelqu’intérêt ?