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Paris Samedi 23 février 95.
Mon Cher Monsieur Deman
Je vous ai annoncé que MrDujardin avait été particulièrement aimable avec moi en ne me faisant pas attendre le cuivre outre mesure. J’ai aujourdhui déja travaillé à la planche, Mercredi j’aurai tout retouché, & je pourrai me mettre aux marges, Jeudi. Quand cela sera harmonisé, cela pourra faire une planche très fine & d’un fort joli aspect me semble-t-il. Je vous enverrai Jeudi ou Mercredi même peut être une épreuve tirée par Nys du premier état sans les marges, avec le reçu de Dujardin. Dujardin qui est en veine de gracieuseté à mon endroit ne m’a demandé que cent francs pour la planche, au lieu de 150, qu’il demande d’ordinaire pour des planches de ce format.
Veuillez me faire parvenir ces Cent francs, s’il v.p. – Vous savez qu’à Paris depuis MrFaure le président jusqu’à Faure le baryton on n’a jamais trop d’argent.
Si vous pouvez m’envoyer quelques pages du texte de Malarmé pour les croquis de marge, cela me ferait grandement plaisir.
Il est entendu que je ne tire que quatre épreuves du travail que je suis en train de faire. Ce n’est pas le 1er État ce sera une
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épreuve de la photogravure retouchée et mise au point * Une épreuve pour vous, une pour moi, une pour Mallarmé et une de guide pour la 2e reprise des travaux Cela suffit.
Le 1er État sera ce travail avec six petits croquis. On fera aciérer ce premier état & vous me direz le nombre d’épreuves que vous désirez, ou plutôt vous le direz à Nys : 7 rue Germain Pilon, en vous entendant sur les prix. Ce premier état tiré, (il faudra le mettre très cher : 50 frs,) on retranchera les croquis, en n’en laissant que deux ou un sur le 2e état, le définitif.
Pour en revenir à la Tante Johannã̃, voici son histoire. Je l’avais prêtée à Lemonnier pour être donnée en prime aux abonnés de son journal l’Art Universel. Il avait à cette époque un secrétaire très canaille, qui a déposé son tablier en emportant tout ce qu’il pouvait emporter, dont la Tante Johanna et le Bassoniste. ce secrétaire coupable s’appelait : Chollet. Quand j’ai réclamé les planches prêtées à Lemonnier, il m’a raconté la chose ; – Je dois encore avoir sa lettre aux archives, dans un fond d’armoire. Voilà !
À vous bien et à bientôt le 1er État. À Mercredi l’épreuve de la planche retouchée : le faux « premier état. Pourvu que cela vienne bien ! Je voudrais une planche d’une finesse idéale.
F.R