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Paris janvier 1887
Monsieur Bloy,
Je vous remercie de l’envoi de votre très remarquable livre : le Désespéré. La canaillerie de notre temps, – qui ressemble à tous les autres, est telle, que l’on est tenté d’excuser l’excès même des indignations, surtout lorsque celles-ci revêtent la forme littéraire que vous leur donnez.
Je crois & j’espère que vous vous trompez souvent, mais que vous vous trompez de bonne foi, ce qui est une excuse à toutes les violences, si vous avez besoin d’excuse. Peut être est ce moi-même qui me trompe, en mon optimisme de peintre, occupé des enveloppes extérieures, laides d’ailleurs, mais moins repoussantes que les âmes que vous peignez de ce balai robuste, – que Juvénal vous a passé par un des soupiraux de l’Enfer, – où vous irez, n’en doutez pas ! pour avoir comme les fils de Noé, étalé les parties honteuses de nos frères. – Moi je me suis contenté en mes dessins, d’abaisser ma fesse à la hauteur de la face du public, et pour cela aussi je serai damné, car le mépris n’est que la doublure de l’orgueil, – un des
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sept péchés capitaux !
En attendant de vous rencontrer chez Notre Saint Père le Diable, recevez Monsieur mes Sincères Civilités
Félicien Rops