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Madame Ménars-Dorian55 Rue de la Faisanderie. Page 1 Verso : 2
Paris le 17 fév. 1892
Chère Madame & amie,
J’ai été bien touché de votre aimable lettre, & très fier aussi de l’amitié qui vous l’a fait écrire. Croyez bien que cette amitié m’est précieuse, plus que je ne le peux exprimer en ce temps, où règne l’odieuse « blague parisienne » qui souille tout de son mensonge, et où il devient difficile de dire même aux femmes de l’esprit le plus élevé, dont vous êtes, les choses délicates que l’on a dans le cœur ou dans la tête.
Et je suis obligé de refuser, – (j’espère être plus heureux une autre fois si vous voulez bien m’honorer encore d’une invitation ;) & de me priver d’aller dîner en votre belle compagnie. Je vais vous en dire, à vous, la raison : Je suis encore sous le coup de la perte d’un petit garçon fort, beau et si espéré !! mort subitement, et qui n’a vécu que le temps de se faire aimer et regretter. Je n’ai pas l’esprit ni le visage à la joie. on pleure les enfants, non pour eux, ou pour le nombre de jours qu’ils ont passé auprès de vous, – mais pour les espérances accumulées sur leur front. Je suis navré de cette perte.
Excusez-moi donc Chère Madame & amie, et croyez bien à ma reconnaissante amitié, et acceptez ainsi que MrMenars et Mademoiselle Ménars mes plus affectueuses Civilités