Numéro d'édition: 0383
Lettre de Félicien Rops à [ Directeur du journal "La Réforme"]
Texte copié
Expéditeur
Félicien Rops
Lieu de rédaction
s.l.
Date
1886/10/23
Commentaire de datation
La lettre est parue in La Réforme, n° 297 (24/10/1886).
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
Amis/RAM/86
Collationnage
Publication
Date de fin
1886/10/23
Lieu de conservation
Belgique, Province de Namur, musée Félicien Rops, Les Amis du Musée Félicien Rops
Page 1 Recto : 1
23 octobre.
Monsieur le directeur,
L’offense ayant été publique, la réponse à cette offense doit l’être aussi. Je vous prie donc de vouloir bien vouloir insérer dans le prochain numéro de votre journal la lettre que j’ai adressée à MeEnglebienne, du barreau de Mons :
Paris, 18 octobre.
Monsieur,
Vous avez, dans votre plaidoyer de l’affaire Vandersmissen, parlé de moi outrageusement, dépassant les droits de la défense et les bornes qui lui sont imposées.
Sans raisons, sans motifs, sans que les besoins de la cause puissent vous excuser, vous m’avez grossièrement et sottement injurié, comme si j’eusse pris place, moi-même, sur le banc des prévenus.
Vous m’avez accusé de « lâcheté ». Cette opinion fera sourire mes ennemis eux-mêmes, qui, aussi bien que mes amis, savent que, dans les affaires d’honneur, ma conduite a toujours été celle d’un galant homme, ce dont, au reste, puisque vous semblez en douter, je veux vous donner des preuves irréfutables.
Je dois cependant, sur l’heure, et pour ma satisfaction personnelle, vous dire dans quel incommensurable mépris je tiens, d’après cette façon d’agir, votre personne et votre caractère. Je sais que vous connaissiez parfaitement, ainsi que M. de Burlet, la loyauté rare que j’ai toujours montrée vis-à-vis de M. Vandersmissen, loyauté qu’il eût dû imiter, lorsque le témoin Haulleville avançait d’après des « on dit » suspects, des faits que lui, votre client, savait être faux. Il a préféré laisser votre témoin à décharge….. débiter sa tirade….. sans lui couper la parole et sans protester.
Puis, vous m’avez appelé « infâme ». Ce mouvement oratoire, provincial et prudhommesque n’a pu que vous couvrir de ridicule aux yeux des gens d’esprit ; mais, comme le ridicule ne tue pas, j’espère que vous m’aiderez en cette besogne.
Ces faits, monsieur, constituent une offense, dont j’exige de votre part une rétractation écrite et, en cas de refus, une réparation par les armes.
Quant aux appréciations que vous faites de mon œuvre, je vous dirai que la ville de Mons, où vos oracles se rendent, a joué dans « les fastes de l’art » un rôle trop effacé pour que je m’inquiète de vos attaques, légèrement « béotiennes ».
Je serai à Bruxelles, à l’Hôtel du Grand-Miroir, rue de la Montagne, vendredi, de dix à onze heures du matin et de deux à trois heures de l’après-midi. Je recevrai les amis à qui vous confierez le mandat de m’apporter votre réponse et qui s’aboucheront avec les miens.
Félicien ROPS.
M. Englebienne vient de me refuser la réparation demandée.
Ce n’est plus entre lui et moi qu’une affaire de main et de botte, suivant que je le rencontrerai face ou pile, deux choses qui, chez les êtres de son espèce, doivent se ressembler à confondre.
Je vous prie, monsieur le directeur, d’accepter l’expression de toutes mes civilités.
Félicien Rops.
Détails
Support
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Dimensions
226 x 77 mm
Copyright
musée Félicien Rops (Province de Namur)