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Mardi 29 Déc 1891
Mon Cher Ami
si tu as le temps viens demain je te prie, voir mon dessin. Il n’est pas fini, mais en le voyant tu comprendras mes ennuis ! Enfin il se finira forcément, & les autres avec lui, si vous le voulez. Je serai à trois heures à l’atelier. Autre chose :
Ma femme « me prie » de te prier » au nom de nous tous, de vouloir bien te charger d’une petite affaire dans laquelle son beau-frère : M rLeyrit est engagé. Elle répond de lui & pour lui, si tu avais besoin d’une « provision ». Mon beau frère sera demain à neuf heures chez toi pour te demander conseil, & il fera ce que tu lui diras. Ce M rLeyrit est un garçon très honnête, très brave, & très travailleur, mais qui a repris, un peu à l’aveuglette une maison de commerce à Brie-Comte-Robert & qui en a pâti. Il a été exploité, – & il l’est encore, – par un propriétaire très malin & très rusé qui a vu qu’il avait affaire à une tête un peu faible, & qui en a abusé. Il t’expliquera tout cela. Moi je n’y connais goutte, mais il y a là dans tout cela, une affaire de clause raturée dans un contrat qui me paraît très louche ; – il s’est livré poingts et pieds liés, ce pauvre brave homme, à un retors de province flanqué d’hommes d’affaires véreux, et tu
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comprends le résultat. Si tu peux venir à son secours fais-le. C’est un père de famille dont le courage méritait un meilleur sort & que nous aimons beaucoup.
– Je joints à cette lettre des papiers le concernant, il t’expliquera tout cela comme je viens de te le dire. Quand tu verras Leyrit, dis-lui que je t’ai remis les papiers, mais comme je n’ai pu t’expliquer moi-même, ce dont il était question, ce qu’il m’avait prié de faire, mais réellement je n’y comprends rien.
Ma femme & nous tous nous te remercions d’avance.
Je te serre bien la main,
Fély