Lettre de Félicien Rops à [Léon Evely]

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Renvoyez moi, je vous prie la petite note de notre compte, je vous la retournerai après en avoir pris copie. – J’en ai une copie, de ce compte, mais je ne la trouve pas sous la main. Il est plus simple de vous demander une copie, conforme à celle que je vous ai expédiée dans ma dernière lettre. – Nous allons à partir de ce jour prendre une habitude qui nous épargnera des ennuis. Dès que vous aurez terminé une planche vous m’en enverrez une épreuve, de cette façon nous éviterons des envois de cuivres inutiles, comme par exemple le Roman d’une nuit & le sujet de Mlle de Maupin qui étaient tellement peu réussis, que je n’ai pu rien en tirer. Ce n’est pas une grande faveur que je vous demande là, ni une forte besogne. C’est d’ailleurs ce que font toujours avant d’envoyer le cuivre, tous les photograveurs du monde entier ! Ce n’est que juste, & c’est l’usage. – Je vous ferai de beaux croquis, mais il est juste que vous me fassiez de bons cuivres, – Je vous accorderai une indemnité pour les cuivres ratés, mais ceux qui seront ratés seront recommencés. Vous savez assez votre métier pour faire bien, & je suis très heureux quand je vois de vous une chose réussie. – La petite

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planche de la Jeune Belgique, entr’autres, était tout à fait bien. – Il y avait de bonnes choses aussi dans le livre d’Haghemans. J’ouvre du reste le feu en vous envoyant sous rouleau de carton quelques eaux fortes qui vous manquent. Il faudra à ce propos aussi & c’est absolument nécessaire que vous dressiez à nouveau la liste de votre collection des « eaux-fortes de Rops ». Renvoyez moi ce carton avec des épreuves des planches qui sont prêtes. je vous dirai mon opinion, en faisant la part de l’infériorité relative du tirage. Rassurez vous je ne vous ferai recommencer que si cela est tout à fait inférieur, vous savez que nous traitons de cela « en amis » & de confiance.

Je vous ai dit je crois, qu’après de longs essais & des patientes recherches, j’y ai perdu deux ans de ma vie !! je suis arrivé à

1° faire un vernis moutransparent (blanc)

ce qui me permet de faire ce que je veux comme retouche sur le vernis brun mou ordinaire, sur photogravures, sur aqua-teinte & même sur manière-noire, en travaillant avec des repères.

2° Un vernis blanc qui me donne à la gravure en « mordant » ou plutôt en « faisant mordre » une gravure en positif ; – avec un acide particulier, bien entendu.

3° Une aquateinte singulière, qui posée liquide

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me donne directement toutes les teintes qu’il me plaît, au point de faire si cela me plaît, un lavissur cuivre ou sur acier.

Voilà, inutile de vous dire que je connais mon métier ; je vais très probablement publier un Recueil intitulé :

« L’art de ne pas graver à l’Eau-forte »

Et de graver comme cela vous plaît.

par Félicien Rops

Mais je ne dirai pas tout !!!

Donc aussitôt que vous aurez reçu mes eaux fortes, Mon Cher Ami, expédiez moi vos épreuves. – Et dès que vous aurez reçu les dessins & les croquis, vous me réexpédierez ceux que je vous ai remis en gage.

– Je me moque de tout ce que l’on peut dire de moi en Belgique Mon Cher Evely ; Je n’ai exposé ce vieux dessin, que je ne trouve pas mal, mais que je trouve « ancien » de facture, qu’aux sollicitations plus que pressantes de Maus. Quant à l’Étoile Belge, est ce encore Sulztberger ? l’ami qui soufle l’article : c’est Th.Hannon, n’est ce pas ? Ne craignez pas de me nommer les masques, – je suis « le tombeau des secrets ! » – Vous avez d’ailleurs raison, je n’exposerai plus en Belgique undessin, mais plusieurs.