Lettre de Félicien Rops à [Armand Dandoy]

<Jeudi 14.>

</ J’ai laissé tout ton second plan qui était bien & juste à sa place. Je l’ai réveillé seulement par des piqures lumineuses. – />

<Encore une fois le tableau embu & archi embu te fera peut être un mauvais effet. Attends le vernis & tu verras, – il est très limpide je crois.>

En recevant le tableau, (qui malgré le papier collé autour de la Caisse arrivera plein de poussière, car il y a mille atômes de poussière dans la caisse la plus neuve du monde) n’essaye pas d’enlever avec le doigt ces poussières mais attends que tu sois chez toi & fais cela au pinceau.

Tu ne m’avais pas dit que tu avais amateur p[ou]r ce tableau j’eusse changé moins <de choses>, quoique cela eût été bien difficile ! – Ne monte pas tes tableaux avant de les envoyer ici c’est inutile.

Encore une fois Mon Vieux – l’art devient de plus en plus simple& grand– on ne doit pas faire « la Vue ». Regarde ce tableau merveilleuxla vue de Dinant de Boulanger qu’il a intitulé simplement : Dinant. Il n’y a ni la Citadelle de Dinant ni les maisons de Dinant Çan’est pas ça. et cependant c’est Dinant. Fontaine a fait de Dinant une vue exacte. C’est petit & insignifiant. Mon ravin du Colombier n’est pas çamais c’est le ravin du Colombier comme le Dinant de Boulanger est Dinant. Il faut ne se servir de la photographie que comme renseignement. Comme disposition artistique comme plantation de paysage c’est toujours impossible. Quand Courbet fait la baie de Douarnenez où j’ai été en Novembre, ça ne ressemble que vaguement à la vraie baie – mais c’est ça. – Dans la photographie du Ravin tout l’avant plan dégringole. Je l’ai ici, et regarde comme c’est petiot.

les grands fonds merveilleuxne disent absolument rien, – & des pavés à l’avant plan.

<Important : >

<Comme je te l’ai dit Cela va malgré toutes les précautions arriver plein de saletés, enlève cela à la loupe avec une pointe de canif – repare avec un peu de couleur & de séccatif pour que cela sèche tout de suite. heureusement le ciel est sec. –>