Lettre de Félicien Rops à [Léon Evely]

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Il y a bien longtemps que je dois vous écrire ; j’ai reçu les deux épreuves envoyées par Théodore Hannon gravées d’après mon dessin, & je vous aurais écrit plus tôt s’il y avait eu quelque chose de décidé relativement à son livre mais j’ai attendu que les pourparlers avec les éditeurs fussent à peu près terminés.

Je trouve vos gravures très satisfaisantes. C’est un heureux résultat, et c’est tout ce qu’il nous faut comme préparation de gravure & je vais immédiatement vous donner assez bien de travaux à faire, si vous pouvez me les faire ce dont je ne doute pas.

D’abord, j’ai plusieurs choses à vous demander. Je vous prierai de me faire – pour moi seul des prix doux, des prix d’ami. Je répandrai le procédé & je compte l’employer pour toutes mes gravures, j’ai bien le droit de demander certains petits avantages ; je

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vous demande cela Mon Cher Monsieur Evely autant dans votre intérêt que dans le mien, parce que pour que le procédé se répande & puisse servir utilement & soit adopté par les graveurs il faut qu’il serve surtout comme « préparation de gravure ». Vous auriez beaucoup de planches à préparer de cette façon & pour ma part je crois que nous établirons un journal tiré à un très petit nombre d’exemplaires & qui serait entièrementgravé à l’eau-forte.

Donc ne fixez pas de prix en centimêtres pour l’instant, mais au reçu de chaque dessin, évaluez le prix que vous croyez devoir demander de votre temps & de votre travail & ajoutez y le prix du cuivre si c’est vous qui le fournissez.

– Dans une dizaine de jours vous recevrez mon premier dessin et les autres suivront. Bon courage, vous avez un excellent résultat, nous ferons de bonnes choses ensemble, très profitables pour tous deux, & pour les autres qui suivront.

Encore quelques renseignements : –

1° Faut-il faire plus grand d’un tiers ou de demique la dimension de la gravure ?

2° Je dois dessiner sur papier blanc & avec de l’encre très noire n’est ce pas ?

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Surtout ne faites pas les morsures plus fortes que celles que vous avez faites, vos deux planches sont parfaites pour ce que je veux en faire, comme morsures.

Avez vous des cuivres à Bruxelles ?

– Je vous envoie les tirages de Paris afin que cela vous serve de guide – vous voyez la différence !

Si la petite <planche> était « un tout petit peu » moins mordue ce serait parfait. Du reste je peux toujours brunir & atténuer les gris mais cela ôte de la fraîcheur à la planche, il vaut mieux ajouter qu’ôter. – Dès qu’on a de la netteté dans les traits fins.

Axiome

Soignez les traits fins et les modelés légers – Ne vous occupez pas des noirs.

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