Numéro d'édition: 1216
Lettre de Félicien Rops à [Joséphin Péladan]
Texte copié
Expéditeur
Félicien Rops
Destinataire
Joséphin Péladan
Lieu de rédaction
Heyst-sur-mer
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
II/7043/40
Collationnage
Autographe
Date de fin
2024/12/21
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Cabinet des Manuscrits
Apostille
1886
Page 1 Recto : 1
Heyst-sur-mer
Flandre Occidentale
Belgique
Mon Cher Péladan,
Voilà bien longtemps que je n’ai eu de vos nouvelles ! C’était à moi naturellement à vous répondre après l’envoi du livre de votre frère, mais j’ai été pris brusquement dans un engrenage d’incidents & même d’accidents fort peu réjouissants qui m’a pris & ne m’a plus lâché de tout l’Été.
J’ai été piqué au pied par un insecte quelconque, il en est résulté un furoncle charbonneux, qui m’a forcé de rester le pied étendu sur une chaise pendant deux ou trois mois après avoir subi une foule d’opérations fort cruelles, je vous l’assure, – quoique je ne sois pas un « douillet ».
Auriez vous pas à me faire cadeau si cela ne vous gêne en rien, d’un deuxième exemplaire du livre de votre frère ? Si vous en avez un faites moi le plaisir de l’adresser de ma part, ou de la vôtre plutôt, ce qui lui fera encore plus de plaisir, à Mr le docteur Albert Filleau
Page 1 Verso : 2
revues scientifiques. Quant à moi mon Cher Péladan quoique profane, j’ai lu le livre, et sans effort ; – j’ai pu à peu près le comprendre & j’ai été frappé de la clarté & de la belle ordonnance de l’œuvre.
Évidemment c’est une production d’esprit supérieur. – Je suis persuadé que « les Docteurs » en n’importe quel droit, feront silence, & ne parlerons pas de ce soulèvement d’idées.
Je suis en Belgique & j’y assiste au spectacle, toujours réjouissant pour mes sentiments, de l’effarement d’une bourgeoisie repue, grasse, riche satisfaite qui vient d’entendre gronder à ses oreilles, qui ne voulaient point entendre ! les grondements des prochains orages & des tempètes populaires. Dans vingt ans il ne restera rien de cette morgue, de ces vices, de ces matérialités triomphantes. Et cela m’est une joie d’y songer.
À bientôt Mon Cher Péladan
je reste votre compère en idéalité & si le diable me prête vie, je vous jure, que je ramasserai une mâchoire de bourgeois, comme Sansom, & que j’en écraserai, un des premiers, les rois de l’Empire du milieu ! les glorieux Pornocrates ! – Je les broierai le nez sur leurs truffes !
Mes Compliments à MmeMaillat je vous prie.
Félicien R
Page 1 Recto : 3
Hotel de la Campine
Marché aux Herbes.
Bruxelles.
Détails
Support
1 feuillets, 3 pages, Vergé, Crème.
Dimensions
203 x 252 mm
Mise en page
Écrite en Plume Noir.
Copyright
KBR
Commentaire de collaboration
Source : Hélène Védrine, Correspondance inédite, Félicien Rops-Joséphin Péladan, Paris, Séguier, 1997, p. 186-188.