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La Demi-Lune, Essonnes (Seine & oise) 18 juillet 94.
Mon Cher Monsieur,
Je reçois avec un étonnement que vous comprendrez, aujourd’hui 18 juillet mil huit cent & nonante quatre, une lettre que vous me faisiez le plaisir de m’écrire il y a quatre mois, et qui a mis ces quatre mois à me parvenir. Sous Louis XI cela devait mieux aller !
– Cette lettre était bien adressée : 2 rue du Marché des Blancs-Manteaux, où je venais de louer, dans l’ancien hôtel de Lavoisier, un appartement que je n’habitais pas encore, l’atelier que l’on me bâtissait n’étant pas prêt, – mais toutes les lettres qui m’y étaient adressées, m’étaient retournées à mon atelier 1. Place Boieldieu, où j’habite depuis six ans, par ma concierge qui était prévenue, ou par les facteurs du quartier. Comment cette lettre a-t-elle été envoyée à Fécamp – Seine Inférieure, où je n’ai pas mis les pieds depuis six ans, à un Mr Hannelet ou Hamelet (l’un et l’autre se disent !) pharmacien que je n’ai pas l’heur de connaître ? l’âme des postiers a de ces mystères !
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Quoiqu’il en soit, j’ai eu le désagrément fort grand de ne pas recevoir votre lettre, de ne pouvoir y répondre & de ne pas participer à une Exposition à laquelle vous & Mr le duc d’Ursel me faisiez l’honneur de m’inviter.
Je vous prie d’excuser la non-réponse à votre lettre, résultant de la bévue incompréhensible de cette administration des Postes que l’Europe envie, & dont je suis victime.
Transmettez je vous prie aussi ces excuses à Mr le duc d’Ursel, et recevez avec ces excuses, mes meilleurs Compliments.
Félicien Rops
2 et 4. Rue du Marché des Blancs-ManteauxParis