Lettre de Félicien Rops à [Armand Rassenfosse]

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Je reviens du Midi où les médecins m’ont envoyé, – tout simplement comme si j’avais été un aspirant poitrinaire. Il n’y avait rien de cela, mais c’était presqu’aussi grave. Depuis le 15 Décembre, je suis, ou plutôt j’étais « en proie » comme disait Télémaque à une fièvre étrange qui ne me quittait pas, m’était tout sommeil me donnait d’horribles névralgies, et des espèces de transports au cerveau, qui ont été jusqu’à faire craindre pour ma raison. J’étais d’ailleurs un monsieur, à ce qu’il parait, très désagréable, et je faisais souffrir tous ceux qui m’aimaient ou plutôt qui m’aiment. Ma volonté n’y était pour rien. Pour moi, tout cela c’est la fin « de la Crise » de cette terrible crise « artistique » que je traverse depuis le commencement de l’année dernière. La Crise dont est mort mon pauvre maître & ami Fromentin. – Plus heureux que lui j’en reviens ! mais je sens que je reviens de loin. – Que voulez vous Mon bon Rasenfosse, on est un artiste ordinaire, ou quelque chose de plus, et pour passer

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par cette porte qui mène « au quelque chose de plus » et qui est gardée comme dans les féeries, par des enchanteurs et des monstres, il faut livrer au seuil de grands combats. J’en suis resté au seuil, mais il faudra bien l’enfoncer cependant cette porte !

Comme les médecins, m’avaient interdit toute « cérebralité » : lettres, lectures dessins surtout, – je viens seulement d’avoir vos lettres, et demain je vous répondrai longuement.

J’étais à Porquerolles un petite île de la Côte de Provence, et encore une fois, ses lauriers et ses lentisques m’ont rendu la paix morale. Je revis.