Lettre de Félicien Rops à [Alexandre Piedagnel]

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Il y a ici « depuis des temps » une trentaine d’eaux fortes qui réclament un enlèvement, – leur virginité les gêne ! Je vous écris in extremis, je pars dans quelques jours pour le Sahara, le vrai, pas celui des excellents peintres qui prennent un billet pour Biskra, & reviennent montrer chez Petit leurs études « du Désert », pour la plus grande réjouissance des Gens bien élevés. – « Besoin d’air » & de me trouver avec des Chameaux, on m’a dit que les femelles de ces aimables ruminants ne portent point de bas-Bleus, & que les mâles n’émettent point d’opinion sur l’art. Cela doit être exquis de vivre en leur Compagnie, – rien de l’Académie ! Si je reviens, j’espère que vous n’oublierez, si je sais encore lire, – ce qui me désespérerait, l’instruction changeant les hommes en bêtes savantes, – « mon » volume sur Millet, ou déposez le sur ma tombe, si les Touaregs me coupent la tête, – ce dont

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je ne pourrais m’empêcher de les féliciter, vu l’inutilité & l’infériorité de cet ornement, lorsqu’on le compare aux parties plus essentielles de l’Animal Humain. Il ne fait réellement bien que sur un plat, – comme les têtes de veau ; ce qu’avait compris cette fille exquise qui s’appelle Salomé, & qui est une de mes profondes admirations, – que je partage d’ailleurs avec MMrs les Anthropophages, Gens pratiques philantropes, & doux si on les compare aux huissiers francais, & à tous les Gouverneurs d’hommes.

Je vous quitte sur cette réflexion d’une philosophie courante comme celle de feu Caro, qui en est mort d’ailleurs, ce qui a attristé quelques vieilles dames juives, m’at-on dit.

– À Bientôt j’espère Mon Cher MonsieurPiedagnel. Venez procéder au « levage » des épreuves , elles sont sèches, Madame Piedagnel, à laquelle je présente mes respectueux Compliments n’en sera pas jalouse. Je serai chez moi Lundi de 2 à 4 heures, – de « relevée » Comme disent les horizontales du Faubourg St Germain.

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