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Paris Dimanche.
Mon Cher Monsieur,
Je suis tout à fait confus de l’excès de votre gracieuseté & je ne peux que vous en remercier de tout cœur. Votre trop joli cadeau – que je ne mérite pas d’ailleurs, – me rappellera surtout que le premier, à Paris, Mon Cher Monsieur, vous m’avez fait le plaisir de juger mes œuvres avec une bienveillance éclairée. Je n’avais pas besoin de ce souvenir pour ne le point oublier. Si les artistes qui tâchent de rendre fidèlement & sincèrement leur temps, en dédaignant les sujets plus faciles & le succès banal, rencontraient toujours des amateurs tels que vous pour les encorager, leur tâche leur paraîtrait plus douce. L’amical soutien qu’ils sentiraient auprès d’eux leur serait à la fois un aide dans la lutte & une consolation d’être si rarement compris.
J’espère Mon Cher Monsieur, vous prouver par des œuvres futures &
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meilleures, que vous n’avez pas mal placé vos affections artistiques.
Recevez Mon Cher Monsieur avec mes remercîements toutes mes Civilités affectueuses.
Félicien Rops
P.S. À propos du relieur voici l’adresse :
Thibaron
15 rue Guénégaud
Je me suis encore informé & pour les gravures & les dessins il parait que sans conteste il n’a pas de rival. Je porte tant d’intérêt aux Cent Croquis que je vous prie de m’excuser si je me mêle de la question de reliure un peu plus que « cela ne me regarde » Mardi soir, – Mercredi matin au plus tard je vous ferai porter le N°99 des Cent Croquis. (C’est que pour l’avant dernier il doit être soigné ! & il me faut bien trois jours pour le faire.) –. J’y ajouterai la Nuit d’Été agrandie.