Lettre de Félicien Rops à [Théodore Hannon]

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Je venais de mettre à la poste une lettre qui va t’arriver avec celle-ci lorsque j’ai reçu deux cartes la tienne & une autre m’annonçant la mort de ce pauvre Dubois. Pauvre grand peintre, victime du mauvais goût « bourgeois belge » victime de sa fougue, de son horreur de la banalité, de son désir d’exercer noblement son art, de sa verve, de son ardeur à combattre pour la bonne cause, de l’envie qu’il inspirait pour ses belles qualités natives, victime de son joyeux esprit, de son âme enthousiaste, victime de tous ces dons qui font les époques hommes aux époques franches et fortes & qui deviennent des défauts en notre temps troublé louche & couard ; – et plus dangereux encore dans un petit pays où l’on a peur de toutes les audaces, de toutes les exubérances & de toutes les indépendances !

Voilà ce qu’il fallait dire sur la tombe de ce Robuste, le plus grand peintre que la Belgique ait eu depuis Deux cents ans – y compris Mr Alfred Stevens !

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Mon Cher Ami – lance ton prospectus franchement : avec frontispice dessiné & gravé par Félicien Rops. – La planche est en bon train. Il s’est passé les plus étranges choses, une vraie fatalitéinouïe – Première planche : cuivre cendreux – je la flanque au diable – 2e planche – je me trompe de bouteille au lieu de prendre une bouteille d’acide chlorhydrique je me trompe et je verse gravement du fixatif sur le vernis – Cinq minutes après je vais voir si cela mord : Rien ! – cinq minutes après je regarde : le vernis se soulève sous l’action de l’esprit de vin, je m’aperçois de ma méprise : – planche au diable. Je pars pour l’Espagne. – Je reviens – Je replanche ta planche : Je fais une première morsure intéressante : Je n’ai pas mis la lettre ! – Il reste une 2e morsure à faire et je t’envoie la planche. – Je finis le travail auquel je suis collé & je t’expédie cela dans quelques jours.