Numéro d'édition: 2949
Lettre de Félicien Rops à [Antoine Marlaire]
Texte copié
Expéditeur
Félicien Rops
Destinataire
Antoine Marlaire
Lieu de rédaction
s.l.
Date
1875/06/12
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
8807/t1/p254
Collationnage
Tapuscrit Lefebvre - Kunel
Date de fin
1875/06/12
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, Archives de l'Art Contemporain
Page 254
Le 12 juin 1875
Mon Cher Marlaire,
Vous vous trompez complètement sur le sens de ma lettre ; ou je me suis peut-être mal expliqué dans ma précipitation. J’ai réclamé dès la première année le payement des intérêts à moi dus par le Club. Victor Rops qui faisait tout, vous le savez, m’a répondu que « l’on me paierait tous ces intérêts globalement pour ne pas faire plusieurs comptes nouveaux. Or vous vous rappelez qu’ç cette époque, Mon Cher Marlaire, Victor Rops pour chercher noise à François Antoine ne me payait mes annuités qu’avec une extrême difficulté, ‒ il aurait donc crié comme un beau diable si j’avais réclamé au Club, et lui, ‒ c’était le Club ‒, quelque chose qui, ne fût pas dans mon droit strict ; il m’était plutôt hostile que favorable, puisque c’était vous que je priais de vouloir être chargé de me représenter. Ce que je pensais de vous, je le pense toujours, Mon Cher Antoine, et je vous crois d’une parfaite loyauté en tout ceci. Mais moi, de mon côté, j’agis de même. L’un de nous se trompe et se trompe loyalement, voilà tout. Si l’on me montre n’importe quelle lettre de moi, n’importe quelle phrase, n’importe quel contrat, qui indique que je consentais à avancer de l’argent au Club sans intérêts, je me désistes immédiatement d’une plainte que je ne fais qu’avec une extrême répugnance, mais qu’il est nécessaire que je fasse devant une opinion aussi contraire à la mienne et une négation de ce que je crois les droits absolus.
Si Victor Rops possède les preuves de la légitimité de ma demande, ce qui doit être, et qu’il ne les produit pas, je ne peux l’y forcer n’ayant pas droit pour cela, -mais je trouve qu’il a tort de détenir des papiers du Club qui probablement empêcheraient tout conflit.
Le tribunal éclairera donc toute cette affaire et nous verrons enfin si j’ai tort ou raison.
Si j’ai tort je me serai trompé en toute bonne foi – et je crois à la parfaite honnêteté de tous nos amis du Club, mais je crois qu’ils sont dans leur tort et moi dans mon droit, sans cela je ne persisterais pas une seconde.
Impossible malheureusement de quitter d’ici pour l’instant- et je voudrais bien aller en votre vieille compagnie, Mon Cher Ami, faire de ces bons soupers comme autrefois, mais cette déesse bête qui s’appelle la Réputation vous force à bien des sacrifices !
Enfin croyez bien, et Wesmael, et les autres, que je ne vous en veux aucunement, et nulle décision de tribunal, nulle faconde avocassière ne changera rien à l’amitié et que je vous porte.
Bien à vous et à bientôt j’espère.
Félicien Rops
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