Numéro d'édition: 2958
Lettre de Félicien Rops à [Henri Degroux]
Texte copié
Expéditeur
Félicien Rops
Destinataire
Henri Degroux
Lieu de rédaction
Paris, 1 Place Boieldieu
Date
1891/09/11
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
8808/t2/p90+8808/t2/p91
Collationnage
Tapuscrit Lefebvre - Kunel
Date de fin
1891/09/11
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, Archives de l'Art Contemporain
Page 90
11 septembre 1891
Je serai, le 14 septembre, à Paris, c’est-à-dire lundi prochain. Si vous pouvez venir dans l’après-midi, nous causerons tout à notre aise de ce qui vous intéresse. S’ils ne sont pas encore arrivés (je parle des ors belges), il serait, je crois, nécessaire de tâcher de hâter leur apparition par quelques lettres réchauffantes. Écrivez à Demolder, à Knokke ; dites-leur que je vous ai fait part des bonnes intentions de vos amis, que vous comptez sur leur amitié dévouée et que, s’ils peuvent, vos dettes payées ici, vous assurer 200 francs par mois là-bas, vous travaillerez encore pendant un certain temps en Belgique, avant de revenir à Paris, pour y faire une Exposition sérieuse. Il est bon de ne pas laisser refroidir la bienveillance de nos amis. Je crois, mon cher Degroux, que ce parti est sage, même au point de vue de notre prochaine réussite ici. Songez que rien n’est plus fatal pour un peintre, à Paris, que de devoir tirer le diable par la queue, comme disaient nos ancêtres. La queue vous reste presque toujours dans les mains, et l’on tombe cul en terre. Un artiste est tout de suite « coté », et il lui faut des années alors pour se faire payer, de ses œuvres, un prix raisonnable. En Belgique, vous pouvez vendre le prix que vous voudrez, vous n’en souffrirez guère, plus tard ; mais à Paris, ce n’est pas la même chose et vous pâtiriez longtemps de la difficulté de vos débuts.
Page 91
Donc, à bientôt, mon cher Degroux. Si vous aviez un bout de peinture disponible dans quelques jours, je connais un amateur qui vous en donnerait une centaine de francs. Ce n’est rien, mais il y a des heures dans la vie où un « rien » est énorme. J’ai passé par là.
Je vous serre très affectueusement la main.
Félicien Rops
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