Numéro d'édition: 3006
Lettre de Félicien Rops
Texte copié
N° d'inventaire
8811/t5/p263
Collationnage
Tapuscrit Lefebvre - Kunel
Date de fin
2024/12/26
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, Archives de l'Art Contemporain
Page 263
Novembre 1885.
Je dois partir pour la baie de Douarnenez avec Gouzien. J’y ai été en août. C’est un des plus beaux pays du monde et je ne me lasse pas de l’Océan Atlantique comme je me lassais de la Méditerranée. Quant au Breton du Finistère, c’est le dernier sauvage et il n’a pas été fait. Tout le monde a peint les Bretons comme Dillens les Zélandais. – Et quels paysages pour les paysagistes ! Mais pas de femmes ! C’est là que l’on peut voir combien elle est nécessaire à la peinture. Je t’assure que l’on n’a pas fait les Bretons. Quels animaux curieux ! Comment ont-ils fait pour se conserver aussi brutaux, mauvais, hypocrites, sauvages et grandir à travers les âges. Et cependant l’âme humaine y vire fortement, plus fortement peut-être que dans les villes, chez l’homme plein de cautèle et de violence à la fois. La femme y est résignée et béate. Et quel cadre que l’Océan Atlantique ! Une terre presque inconnue, somme toute ; mais que l’on n’y voudrait pas vivre ! Elle est repoussante d’inhospitalité. Elle n’a que des beautés colères.
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