Lettre de Félicien Rops à [Georges Camuset]

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Mon Cher vieux

Il reste pour six jours de travail à faire & je suis obligé de tout suspendre jusqu’à Mercredi 15 ! Pas d’argent pour le terme, pas d’américains à Paris, le choléra a tout fait remettre, tout le monde est dans les châteaux, & on en profite pour remettre le payement des notes « à la rentrée ». – Tu vois comme je peux me payer des abbayes de n’importe quel siècle !! – Mon « abbaye » est une ruine de 1778. et se compose d’une porte, - d’un ancien pressoir & d’un fournil, le tout lézardé & pleins de rats. Cela m’est loué 550 francs avec deux hectares de terrain situé dans un vallon rocheux passé  Corbeil : ouvre ta carte d’Etat major :

/ fig. 1 : schéma emplacement Abbaye de Roche-Claire /

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L’abbaye de Roche-Claire ou des Hauts-Vignons est à l’endroit désigné sous le nom de Pressoir-Pron dans les cartes. – Cette abbaye, une abbaye de moines viticulteurs, une demi-douzaine de vignerons a été coupée & rasée pour la construction de la route de chemin de fer de Lyon à Paris. Il n’en restait qu’une porte & deux bâtiments en ruine, le tout sans caractère, mais l’endroit est exquis, vue splendide, air « pur » & la Seine au bas, vis-à-vis la forêt de Rougeau. C’est là que ns allons faire fleurir l’Hibiscus Palustris & le moscheutos ! – A Bièvres ils ont fleuri cette année. Il y a six ans que j’attendais cette floraison. Au premier froid de septembre les boutons tombaient. Ce sont deux très belles plantes. Ton abbé est exquis. Ah comme nous rirons fin octobre. Et je te consolerai de tes déboires !! – Si tu lançais un prospectus & une liste souscription chez les libraires. Cela rapporte toujours. Allons à ma chaîne du terme. Puis en six jours tout est fini. Quelle scie que tout ces embêtements d’argent ! Heureusement que cela sera fini l’an prochain, sans cela j’y creverais. – A toi mon vieux & si tu étais à ma place je te pardonnerais

Fély