Mise à jour : 13 juillet 2020
La musique a toujours eu une place prépondérante dans la vie et l’œuvre de Félicien Rops. En plus d’être un habitué des opéras belges et parisiens, dès le début de sa carrière artistique, il caricature nombre de musiciens dans le journal qu’il crée en 1856, Uylenspiegel. Il n’hésite pas non plus à représenter des musiques diverses et variées (voir : focus #10 – En avant la musique !).
Dans ses lettres, il se plait à évoquer la musique sous différents des angles :
L’enfance et la musique
Dans une marginalia (une gravure avec texte ou dessin en marge), Rops représente le père Büch, cette « âme de vrai musicien », arrivé d’Allemagne et resté à Namur. Il enseigne à Rops le solfège vers 1850. Rares sont les occasions où Rops évoque son enfance à Namur ; c’est pourquoi ces quelques lignes ont une saveur particulière que nous vous invitons à découvrir sur ropslettres : 3555.
La musique comme source de réconfort
En atteste cette lettre adressée à une certaine Juliette, dans laquelle il explique ses évasions fantasques lorsqu’il avait 15 ans, enfermé dans un pensionnat :
« – Les tentures des Gobelins, les tapis d’Aubusson, les tapisseries de Flandre couvraient les murailles de rosaces flamboyantes de fleurs étranges, de paysages lumineux ; des parfums aimés brulaient dans des cassolettes d’or, enfin une table rayonnante de lumières, d’amphores, de cristaux jaillissaient du plancher comme dans toute féérie qui se respecte, pendant que les vingt cariatides de marbre qui soutenaient le plafond murmuraient – les chœurs de la Sémiramide de Rossini. – Ce n’était pas tout !! – à minuit, au douzième coup de la tradition, une femme jeune, blonde, naturellement, et masquée ! faisait grincer ma petite porte sur ses gonds et s’avançait vers moi en souriant …………. »
Pour lire l’entièreté de la lettre : n° d’éd. 1340
La musique pour rire
Rops a un sens de l’humour et de la formule qui font (sou)rire. L’allusion à certains grands compositeurs ne fait pas exception. Wagner, le compositeur romantique qui inspira un grand nombre d’artistes de la fin du 19ème siècle, est ici gentiment raillé par l’artiste…
« Mon Cher Théo,
Pour lire l’entièreté de la lettre : n° d’éd. 1901
J’ai dix minutes à dépenser, & devant moi un morceau de papier blond comme la nuque de la Chère aimée ; J’ai un tas de choses à te demander allons y […]
Trop, un peu trop d’analyse Wagnérien dans le journal. Faut du Wagner, mais trop n’en faut on finira à force « d’explications » on finira par nous faire revenir à :
Marie trempe ton pain
Marie trempe ton pain
Marie trempe ton pain
Dans le vin !!!
à force de Walkubruneldervoganisation ! Je suis Wagnérien, je suis prêt à retourner à Beyreuth & j’y prendrai un plaisir extrême, mais pas d’explications ! Ce bon Richter le chef d’orchestre de Wagner qui est de mes amis, a essayé six fois de m’expliquer la pensée du Rheingold & il finissait par me dire « c’est imbossip à ragonter ! » »
La musique comme évocation de la nature
Pour Rops, la musique est intimement liée à la nature. Le vent et les arbres évoquent pour lui le plus beau des concerts.
« Temps délicieux ! et comme il est doux et attendri ce premier baiser du soleil à la terre du Nord. Il y avait là un rouge-gorge qui en savait bien plus long que Massenet et qui me priait en fort bonne musique de remarquer les chatons des noisetiers en plein amour, et les floraisons des hépatiques derrière les baies de troènes. Il me disait en outre de ne faire nulle attention aux jacassements des sansonnets qui faisaient semblant de s’y connaître, mais piaillaient simplement comme un gros d’académiciens ! »
Pour lire l’entièreté de la lettre : n° d’éd. 2073
Retrouvez ces extraits de lettres lus par un comédien et commentés par Camille De Rijck, journaliste musical et présentateur du Concours Reine Elisabeth en 2019, dans son émission « Demandez le programme ! », diffusée sur Musiq3, le 12 juin 2020 de 12h à 13h et accessible en rediffusion sur auvio : https://www.rtbf.be/auvio/detail_demandez-le-programme?id=2648345.
Les extraits de lettres :