L’exposition sur les ateliers d’artistes au 19e siècle est l’occasion de faire le point sur les adresses des lieux que Rops a occupés ou fréquentés, aussi bien à Namur, sa ville natale qu’à Bruxelles, sa ville de formation et à Paris, sa ville de cœur. Nombreuses ont été les personnes à se pencher sur cette ligne du temps[1] consacrée aux ateliers de Rops : elle n’a cessé d’évoluer au cours de l’année qui a précédé sa rédaction finale que nous vous présentons ici. Les livres de référence sur l’artiste ainsi que les documents de Maurice Kunel (1883-1971), historien, conservées au musée Rops ont révélé des premiers éléments que la base de données www.ropslettres.be a pu compléter. Ajoutant à ces archives, le dépouillement des trésors du Fonds Rops-château de Thozée et celles d’une collection privée à Bruxelles, la chronologie des adresses de Rops s’est prudemment établie. Ce premier travail méritera d’être approfondi dans les années à venir, notamment en s’interrogeant sur les quartiers que l’artiste a fréquentés, révélant ainsi les réseaux qu’il a approchés et entretenus. Les ateliers de Rops sont à la fois des lieux de passage, d’apprentissage collectif, d’échanges, de vie, de travail et d’expérimentation. Sa riche correspondance permet de mesurer l’étendue de ses nombreuses adresses tantôt réelles, tantôt fictives où s’entremêlent vies privée et professionnelle.
Cette diversité correspond bien au caractère de l’artiste bohème épris de liberté et de voyage lui permettant de créer où bon lui semble.
Dans cette première partie, nous allons nous concentrer sur la première période de la vie de Rops, avant sa séparation avec son épouse légitime, Charlotte Polet de Faveaux et son installation définitive à Paris. À partir des années 1860, Rops fait de nombreux allers-retours entre Namur, le château de Thozée, Bruxelles et Paris. Il occupe à l’époque plusieurs ateliers simultanément et ses multiples déménagements ne facilitent pas la vie de ses correspondant·es qui ont des difficultés à suivre ses déplacements. Si l’on ne dénombre pas moins de dix ateliers occupés à Paris, Bruxelles reste un point d’ancrage essentiel pour l’artiste grâce à son réseau de collectionneurs et de marchands d’art.
Les adresses et dates d’occupation des ateliers à Namur, Bruxelles et Paris sont principalement tirées de la correspondance de l’artiste publiée sur www.ropslettres.be, d’où certaines approximations.
[1] Je tiens à remercier Louise Bourdouxhe, Amélie Bouton, Pauline Roy, étudiantes et stagiaires au musée Rops
pour les recherches sur ropslettres et les nombreuses questions qui ont nourri la compréhension des
déplacements de l’artiste entre Namur, Thozée, Bruxelles et Paris. Véronique Carpiaux.
Chronologie des ateliers de Rops
1833
Naissance de l’artiste à Namur
1849
S’inscrit à l’académie des Beaux-Arts de Namur
1851
S’inscrit à l’Université libre de Bruxelles et s’installe au «phalanstère» du 2, rue de la Paille avec Artan, Dubois, Degroux
1853
Annonce à Charlotte Polet de Faveaux, sa future épouse, la dissolution du «phalanstère»: L’Université et l’atelier
1856
Crée le journal Uylenspiegel à Bruxelles et aménage une chambre noire dans son atelier rue Neuve à Namur pour reproduire des planches du journal.
1857
Épouse Charlotte Polet de Faveaux et commence ses séjours à Paris pour se faire un nom. Le couple partage son temps entre Namur, Bruxelles et le château de Thozée à Mettet, propriété de sa femme à partir de 1877.
1862
Rops renseigne à son correspondant qu’on le trouve en été à Thozée et en hiver à Paris, quai Voltaire (n°éd. 3406). « Je l’ai habité pendant un an. C’est là que j’ai fait ma première eau-forte ! à l’hôtel Voltaire ! qu’habitaient Baudelaire Sylvestre et Wagner et Barbey d’Aurevilly !» (n°éd. 1787). L’Hôtel Voltaire où Baudelaire a fini son recueil Les Fleurs du mal est situé au 19, quai Voltaire, adresse que Rops cite également comme lieu d’expédition de courrier (n°éd. 1152).
1865
Se forme à l’eau-forte dans les ateliers parisiens de Félix Bracquemond et Jules Jacquemart.
1867-1879
Occupe un atelier au 109, rue de Rome à Paris.
1870-1877
Occupe un atelier à Paris avec une double adresse : 9, passage Sainte-Marie et
60, rue du Bac. Artan l’y rejoint en 1875
pour quelques semaines. Dès 1870, Rops évoque la construction d’un atelier rue de Constantinople car le passage Sainte-Marie va être rasé : « [...] j’ai trouvé : une maison !! c’est-à-dire un rez-de-chaussée avec entrée dans la rue directement sans intrusion de portier. Le propriétaire fait bâtir là-dessus un atelier & me loue cet immeuble qui sera un de nos rêves réalisés : être chez soi comme en Belgique. C’est au bout de la rue de Constantinople que le rêve git pour le moment » (n°éd. 1166). Il ne s’y installera qu’en 1877.
1872
S’installe avec son épouse au 317, avenue Louise à Bruxelles. Rops mentionne également le 262, avenue Louise pour recevoir du courrier ou y rencontrer des visiteur.euses.
1874
Le couple se sépare suite aux nombreuses infidélités de Félicien. L’artiste est obligé de quitter Thozée et l’avenue Louise à Bruxelles. L’acte de séparation des biens est signé en 1875.
1874-1879
En mai, il loue un atelier au 2, rue Mosnier à Paris (actuelle rue de Berne, n°éd. 0868) et fréquente le 17, de la même rue car ses deux maîtresses, les sœurs Duluc, y habitent. En parallèle, il occupe un atelier à Schaerbeek, Bruxelles au 68, rue de l’Association qui devient rue Lefrancq. La Société internationale des Aquafortistes qu’il fonde lui impose de fréquents allers- retours entre Paris et Bruxelles.
1875
En avril, il projette d’occuper un atelier attenant à celui du sculpteur Cyprien Godebski à Neuilly.
1877
En avril, il pend la crémaillère dans son nouvel atelier 37, rue de Constantinople à Paris (n°éd. 2379).
1878
En juillet, il évoque un atelier à Bruxelles offert en colocation avec Victor Fontaine, rue Capouillet à Saint-Gilles, mais ce projet n’aboutit pas (n°éd. 2063)
Suite au prochain numéro....