Pharmacien et collectionneur d’art français. Il réunit à partir de 1879 une collection d'environ 8000 pièces composée de peintures, de dessins, de gravures et de médailles avec une prédilection pour les eaux fortes des maîtres du 19e siècle dont Félicien Rops, Francisco de Goya (1746-1828), Eugène Delacroix (1798-1863), Édouard Manet (1832-1883) ou encore Félix Bracquemond (1833-1914). Il compte également Auguste Rodin (1840-1917) parmi ses amis. Elle fut d'ailleurs l'une des plus importantes d'Europe en terme de nombre et de rareté des œuvres. Sa collection de livres illustrent une passion commune avec Félicien Rops : la botanique.
Il est le père d'Adolphe Barrion (?-1877), également pharmacien à Bressuire, connu pour son hostilité au nouveau régime et son adhésion aux valeurs républicaines. Il sera d'ailleurs poursuivi à la suite du coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte (1808-1873) de décembre 1851 "pour distribution d'écrits hostiles au Gouvernement". Alfred partage cette même orientation politique.
On connait une autre passion incongrue partagée par Rops et Barrion : les écrevisses. Dans une lettre de l'artiste adressée à son ami pharmacien, on peut lire : « Les écrevisses (une espèce exquise que vos écrevisses de Bressuire avec des gigots renflés & dodus. Si les dames des Deux-Sèvres ont ces choses là, je vais demander de finir mes jours comme sous-préfet de Bressuire ! Nous vieillirons côte à côte en chassant & en pêchant de toutes les façons possibles) les écrevisses sont tombées à pic en plein dîner de vendanges et ont fait merveille ! » (n° éd. 1652). Il semblerait que gibier et pêche miraculeuse, qu’il est plus difficile de se procurer à Paris, servaient de monnaie d’échange entre le collectionneur et les artistes, pratique répandue au 19e siècle (voir à ce sujet l'article de Anna Tahinci «Les collectionneurs de Rodin et le troc».
Le goût de la collection trouve écho dans son inscription à la Société des bibliophiles contemporains, fondée en 1889 par l'homme de lettres Octave Uzanne (1851-1931), ami de Félicien Rops. Cette société Société a pour but de publier au profit de ses membres des ouvrages de bibliophilie, édités avec un soin particulier porté à la typographie, la mise en page, la qualité du papier ou de la reliure, et illustrés par les meilleurs artistes, comme Rops entre autres.
En 1904, 224 pièces de Rops dont certaines uniques (eaux fortes, dessins et lithographies) issues de sa collection seront mises en vente. Cette dernière dure une journée complète en raison de la quantité et de la qualité des œuvres mais également à la réputation de l'artiste. Néanmoins, le résultat de la vente fut quelque peu décevant : il y avait 360 pièces cataloguées et la plupart n'ont pu dépasser les 100 francs. On compte pourtant de pièces exceptionnelles comme une épreuve sur japon de L'Incantation ; une rare épreuve d'essai de La Peine de mort ou encore une belle épreuve de La Médaille de Waterloo. Il apparait tout de même que c'est pour le Namurois que la passion de Barrion fut la plus forte.
On ignore les circonstances exactes de la rencontre entre les deux hommes. Barrion fait pourtant partie des amis qui comptent comme en témoigne les deux lettres adressées à ce dernier par Rops.
Rédigée par Alexia Bedoret, 2018 - Vérifiée par Émilie Berger, 2018 - Mis à jour par Giuseppe Di Stazio, décembre 2024