Numéro d'édition: 2426
Lettre de Félicien Rops à [Léon Dommartin]
Texte copié
Expéditeur
Félicien Rops
1833/07/07 - 1898/08/23
Destinataire
Léon Dommartin
Lieu de rédaction
Paris
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
MRBAB/AACB/085017
Collationnage
Autographe
Lieu de conservation
Belgique, Bruxelles, Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, Archives de l'Art Contemporain
Illustration
Lettre illustrée
Page 1 Recto : 1
Écris
17 R. Drouot ou
à Bièvres aux Jolinets &
même aux « Jolisnenets »
si tu veux !
Paris aout 83
Mon vieux Copain,
je suis prodigieusement ennuyé ! Je ne peux me remettre à la Germinie Lacerteux ! Tu sais ce que c’est de laisser un travail de coté pendant six mois ! – On veut le reprendre, & on n’est plus dans l’esprit de la chose. On le laisse de coté de nouveau, espérant les jours où l’on sera « disposé » et ce n’est que lorsque l’on s’y est attelé en force que « cela vient ! Je les fais donc ces « illustrations » coûte que coûte ! d’abord parce que j’ai promis de les faire à de Goncourt, & me délie-t-il de ma parole, la mienne n’en resterait pas moins engagée vis à vis de moi même ! Note, que je ne te dis pas qu’elles seront bonnes, elles seront, voilà. Quentin, va je crois les faire faire par Lalauze, ou par un autre de ses dessinateurs « courants ». J’aurai le dessus vis à vis du gros public, le seul dont un éditeur doive s’inquiéter & tâcher de plaire, mais comme je ne fais pas de dessin pour ce public là, je m’en moque comme des papillottes de ma grand’Tante !
– J’Ajoute, que le livre, même pour des graveurs habitués à traiter les plus grandes & les plus petites choses de la même pointe impeccable et banale : Faust ou les Mille & une nuits, n’est pas facile à faire !! Mr de Goncourt dit tout, C’est un peintre, qui ne laisse rien au Confrère qui vient après lui. Je suis certes un grand admirateur de son talent ; mais pour un dessinateur, Germinie Lacerteux, Mon Vieux Dom, est un terrible livre à faire ! Et même, en le ratant, ce que je fais peut être en ce moment, à mon insu, il y a que de faire œuvre d’artiste, ou de ne pas la faire, je persiste, & je tâcherai d’arriver au but. Si je m’égare, ce sera pour n’avoir pas voulu suivre ces excellents sentiers routes, battus par toutes les savates de mes Confrères, où l’Académie & l’Institut on fait dresser des poteaux indicateurs à chaque carrefour et au bout desquels on est sur de trouver bon accueil et bon gite dans l’auberge pleine où logent les « braves gens ».
– Moi, j’aime mieux la bruyère ma route
À toi
Fély
Vous avez bien raison d’aller à Anseremme ! Va cueillir pour moi dans la vallée du Bocq un bouquet avec les fleurs des grandes Eupatoires pourpres qui fleurissent derrière l’abbaye & offre les de ma part à Freija la déesse de la Meuse, de notre chère vieille Meuse !
Et embrasse pour moi la « Roche à Bayard » ! Mamzelle Disière et notre bon canot Tanit ! sur son étrave !
Que vous êtes heureux qu’un Dieu vous fasse ces loisirs !!!!
Page 1 Verso : 2
Croquis
Croquis
Détails
Support
1 feuillets, 2 pages, Cartonné, Crème.
Mise en page
Écrite en Crayon Gris.
Copyright
Ro Scan, J. Geleyns