Numéro d'édition: 0105
Lettre de Félicien Rops à [Edmond Deman]
Texte copié
Expéditeur
Félicien Rops
Destinataire
Edmond Deman
Lieu de rédaction
Corbeil-Essonnes, Demi-Lune
Date
1893/10/31
Commentaire de datation
D'après le contenu, cette lettre est liée à une autre missive adressée à Eugène Demolder en date du 31 octobre 1893 : inv. II/6425/2. – N° d’édition : 1627.
Type de document
Lettre
N° d'inventaire
LEpr/132
Collationnage
Autographe
Lieu de conservation
Belgique, Province de Namur, musée Félicien Rops, Province de Namur
Apostille
31 8bre 1893
Page 1 Recto : 1
Demi-Lune, Essonnes, Seine & Oise.
Mon Cher Monsieur Deman,
Vous ne vous êtes pas expliqué pourquoi je désirais « parler à Rodrigues » avant de vous donner une réponse relativement aux lettres de moi, que vous possédez. Voici pourquoi : sur la foi de quelques paroles entendues de coté & d’autre, et sur des semblants d’indiscrétions de tireurs en taille douce, je m’étais mis dans la tête que vous étiez l’associé de Rodrigues, pour la publication de votre Catalogue. Je n’en avais pas parlé à Rodrigues parce que je sais qu’il déteste que l’on s’occupe de ses publications avant leur apparition. Je voulais vous proposer par son intermédiaire de faire avec vous un échange contre le dossier de lettres dont vous m’avez parlé. Rodrigues m’a dit avoir fait avec vous quelques affaires, mais n’être pour rien dans la publication de votre futur catalogue. Je m’étais trompé, donc.
Il ne me reste plus qu’à vous demander le prix auquel vous vendriez ce dossier. notre ami commun Eugène Demolder pourrait en prendre connaissance, & me dire son avis,– comme il m’est de toute impossibilité de me rendre à Bruxelles pour l’instant. Veuillez me dire de quelle nature sont ces lettres, si ce sont des lettres d’ « » Quoique je ne connaisse Eugène Demolder que depuis peu d’années, je l’estime assez pour n’avoir pas de secrets pour lui. Du reste personne n’a moins de « secrets » que moi ! Ma vie avec ses tares, & ses vertus, – (j’en ai quelques unes, comme
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on a des fruits en cire, que l’on ne mange pas, pour orner les desserts,) a toujours été vécue au grand jour. Je me suis beaucoup promené à travers mon temps, avec ou sans chemise, et quelque fois tout nu, sans me retourner, sachant que ce que les curieux et les curieuses pouvaient voir était de « bien portance », et d’aspect dont je n’avais pas à tirer honte. Et dans mes lettres comme dans mes dessins j’ai toujours appelé, – comme Boileau dont cependant les exhibitions devaient être pauvres : un chat, un chat ! Ce qui est bien ! – Je ne crains donc pas les indiscrétions épistolaires, et comme on ne peut les publier sans mon autorisation ou après moi, celle de mes héritiers, les lettres qui « roulent » de moi, me sont à peu près indifférentes. Elles me feraient peut être plaisir à relire, pour, comme vous le dites très bien, respirer encore une bouffée de jeunesse, ou pour supprimer les bêtises qui doivent les émailler, mais voilà tout. Les bêtises « de jeunesse sont même intéressantes souvent, & les sagesses des âges murs, souvent aussi ne les valent pas. Puis je ne deviendrai jamais sage, je le sais, et je m’en console. Me voici guéri & l’œil que j’ai failli perdre est bien ouvert sur le monde. Cela ne vaut plus la peine de m’induire en raison !
Acceptez mes affectueuses Civilités,
Félicien Rops
Détails
Support
1 feuillets, 2 pages, Vergé, Gris-vert?.
Dimensions
176 x 223 mm
Mise en page
Écrite en Plume Noir.
Copyright
musée Félicien Rops (Province de Namur)