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MmeMénars-Dorian55. Rue de la Faisanderie. Page 1 Verso : 2
Je vous remercie beaucoup de votre si aimable invitation & je serais réellement bien heureux de la pouvoir accepter, & surtout de vous voir après ces trop longues absences, mais je suis seulement en convalescence, & je suis forcé, de par la Faculté comme on dit chez Molière, de me soumettre encore pendant un long mois à ce régime cruel : Coucher à 9 heures, pas de conversations artistiques, ne pas même « regarder » de jolies femmes, leur parler encore moins, et ne fréquenter que des gens sinistres, bref, sous peine de mort, fuir toute excitation cérébrale, voilà où j’en suis après une congestion nerveuse, laquelle a failli me faire aller – oh ! trop tôt ! – retrouver mon grand frère Baudelaire, au pays de l’aphasie.
Et voilà qu’il me faut renoncer à dîner en votre belle Compagnie.
Ceci est le plus cruel des remèdes !
Croyez je vous prie Chère Madame, combien je sais apprécier tout le Précieux, du « brin d’amitié » dont vous voulez bien m’honorer, et j’en suis, entre nous un peu fier.
J’aurai bientôt le plaisir d’aller vous voir, & m’excuser de la privation que je suis forcé de m’infliger, en m’empêchant de dîner à vos côtés.
Présentez je vous prie à MlleMénars-Dorian tous mes respectueux compliments et mes amitiés vives à MrMénars.
Bien votre ami. par exemple !
Félicien Rops
Et excusez le retard apporté à ma réponse : Je reviens des Champs : (par ce temps là : Un octégénaire plantait !) J’y vais pour remettre d’aplomb ma pauvre Cervelle ! & pour planter à cet âge !