Lettre de Félicien Rops à [Eugène Rodrigues]

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Un mot au petit galop : J’ai sous la main une collection de « Rops » qui vaut à peu près de Mille à douze cents francs, – prix Conquet ; – & que je peux avoir pour 400 francs dernier prix. Il y a quatre vingt deux pièces. Presque toutes tirées sur Japon. Une quinzaine de ces pièces ont de fort jolis croquis sur les marges, beaucoup de ces croquis ont eux-mêmes été gravés. C’est une collection que j’avais mise de côté, (contrairement à mes habitudes !) me proposant de l’envoyer un beau matin à la bibliothèque de Namur, dont le Conservateur m’écrit tous les six mois des lettres touchantes en se recommandant à « ma générosité d’artiste » Malheureusement Paris vous entraine toujours à faire autre chose que ce que l’on voudrait faire. Un beau matin mon imprimeur n°2 : Francois Nys m’a présenté sa note, une note de quatre cents francs. Je ne les

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avais pas dans mon tiroir, & ma foi la collection de la ville de Namur est passée dans les mains de mon imprimeur, – enchanté d’ailleurs, – à la condition que s’il voulait s’en débarasser, il me la céderait pour le montant de sa note.

Je l’ai vu hier, je lui ai proposé de reprendre sa collection, – qui est bien plus belle que celle de Delâtre, dont je vous avais parlé.

Si cela vous va, je prendrai la collection, je l’annoterai tout à mon aise, & le quinze Décembre je vous l’enverrai. Je signerai en même temps les pièces. Seulement, si vous ne la prenez pas, je ne ferai pas ce petit travail. Je vous donne cette date du quinze Décembre, afin de me donner à moi-même le temps de faire cela, à mon aise le soir à la lampe.

Si je vous propose cela Mon Cher Rodrigues, c’est que vous m’avez paru désireux d’avoir une collection de moi, & que je serais très heureux de vous compter au nombre de ceux qui suivent de l’œil ce que je fais.

J’oubliais de vous dire que beaucoup de planches, dont il y a là des épreuves sont effacées ; – que les épreuves avec des croquis, se vendent chacune, n’importe lesquelles,

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de 40 à 50 francs chez Conquet, & qu’enfin vous ferez « un excellent marché » & que du jour au lendemain, si vous êtes fatigué de cela, Conquet est là & vous la prendra pour le double du prix.

La collection Delâtre, dont je vous avais touché un mot, – c’est mon imprimeur N°1 – ne coûterait que 250 francs, mais il n’y a que la moitié des pièces qui se trouvent dans la collection Nys. & pas un seul croquis. Il n’y a aucune comparaison. –

La collection Nys est toute montée sur Bristol blanc & de couleur, & représente déja rien que de montage, de papier de Hollande & de Japon, & de tirage, la somme de 150 francs à peu près.

Je vous fais « l’article » mais c’est que je veux me faire des amateurs, – ceux qui me plaisent, – à mes dépens, & que je ne veux m’adresser au marchand qu’en dernier lieu, – et je ne le fais jamais qu’avec répugnance. – Vendre au marchand me cause toujours une impression pénible. Il me semble que je « livre des estampes fin courant ».

J’ai acheté hier pour quarante francs, une suite d’eaux-fortes

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« pour illustrer Mlle de Maupin. C’est joli & enfantin & un peu ridicule. Cela m’enchante. Ce titre : Suite d’eaux-fortes pour illustrer Mlle de Maupin, m’avait mis la puce à l’oreille, mais, sans excès de modestie, ce n’est pas encore cela qui me fera abandonner mes dessins.

Rassurez vous en janvier je vous promets cela. Je ne bouge plus de mon travail. C’est difficile & plus c’est difficile plus cela m’enchante.