Lettre de Félicien Rops à [Théodore Hannon]

Monsieur
Théodore Hannon
artiste peintre
rue de la Vanne
Ixelles Bruxelles
Belgique

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Mais ils sont charmants tes Noëls, Mon Cher Hannon, et fort délicieusement fin de siècle ! Gentils les petits croquis de notre ami Lynen. Quel dommage que ce garçon que j’aime beaucoup, qui a de la verve & du talent n’aît pas un peu de savoir faire ! Cela me fait rager de voir qu’il n’arrive pas, dans un pays ou des centaines de peintureurs quelconques se font prendre au sérieux ! – Je te disais donc que tes Noëls étaient charmants, on m’avait dit que tu avais perdu de ta verve et de ton esprit, – il y a toujours des gens quinteux ! – cela m’étonnait, je suis heureux de constater le contraire. Je t’en ai voulu longtemps à cause de la saleté bête que tu avais laissé faire à ce polisson de Tristemacaire, qui avait mis, en tête de ton volume, le Pendu que je lui avais « donné » pour le livre de Cladel. Aujourdhui j’ai oublié cette sottise, ou plutôt cette petite lâcheté, que tu pouvais empêcher. Je ne suis pas rencunier. Je t’enverrai à ma rentrée deux épreuves de vernis-mou que tu n’as pas.

Autre chose : Reçu le Sans-Gène je

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te remercie de l’envoi : Mlle Aciana est fort jolie, tu me présenteras quand j’irai à Bruxelles à cette aimable puberte. Je lui veux quelque bien !

À propos o[ù] as-t on fait graver ce portrait ? Je m’occupe dans ce moment de tâcher de trouver un bon photograveur en relief, cette gravure me semble réussie. Évidemment elle est faite à Paris. Chez Michelet ou chez Guillaume ? Dis-moi cela, te pries. Cela presse ! – Dis à Mlle Aciana que si elle veut poser pour moi, je lui ferai un chef-d’œuvre ! – (ma modestie m’autorise à lui faire des bleus aux fesses !) Pas à la jeune Aciana ! Ne te trompe pas !!

À bientôt Mon Cher Ami, je te serre bien la main comme anciennement, j’ai failli dire Acianement ! Tu m’influences !

Ton Vieux copain d’antan :

Fély