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Demi-Lune
Lundi 21 Déc. 91
Mon Cher ami
tu vois que le sort, l’inévitable sort me poursuit comme les Destins poursuivaient Œdipe. Il fait si beau que toute la maisonnée qui est mienne, a décidé de venir passer ici les huit jours des fêtes de Noël, & me voici devant ma table de travail en train de finir le dessin de Zadig. –
Je te le porterai fini, ou plutôt je le porterai à Mr Paillet à la fin de la semaine et les deux autres suivront & seront à vous du dix au quinze janvier au plus tôt. Que veux-tu ? cette année comme je te l’ai dit est tellement chargée de jours noirs que je préfère la rayer de ma vie. Le « Néfastisme » y a eu trop de place vraiment, et tout cela a tellement eu d’influence sur mon travail & sur mon esprit, que je n’avais plus ni le courage, ni la volonté ni le désir, ni le talent pour faire qui vaille. Me voici remonté sur ma cosse et cette mise au vert forcée va je l’espère lui remettre un peu de feu au jarrets.
Encore une fois n’en accusons que les Dieux contraires. J’aurai raté quelque déesse sans figure mortelle, peut être Vénus ou la grosse Junon ou l’irascible Minerve, & j’en subis les conséquences. Que Mercure la patafiole & ne la guérisse jamais !
À toi Mon Cher Vieux, heureusement que je compte maintenant vivre très vieux,
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afin d’avoir le temps de réparer mes torts envers vous tous en général et envers toi en particulier.
Ton vieil ami
Fély
