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Monsieur Eugène Rodrigues16. Rue Moncey. Page 1 Verso : 2
il faut que tu m’excuses grandement. Je n’ai pris connaissance de tes lettres que de longues semaines après qu’elles furent écrites. Tu vois que c’est plus que de l’indulgence que je te demande. J’ai traversé 3 mois atroces, ayant plus envie de me foutre un coup de pistolet que de faire autre chose, acablé par des évènements imprévuset terribles. Je ne trouve pas même assez de mots pour les dire. Épouvantable ma vie pendant ces terriblesjours. Je n’ai voulu voir personne, ni rien lire, ni rien voir. Ajoute comme complément de bouquet que j’ai dû, sous le coup d’une congestion nouvelle, pour apaiser ses créanciers tenaces, rafistoler de vieux dessins et vider de vieux sacs de croquis. Je ne dis cela à personne. Et quant au reste je te le dirai de vive voix. Cela ne s’écrit pas.
– Ah ! il s’agissait bien du Zadig & de moi !
– Maintenant les « nubilia » se sont dissipés et une accalmie relative se fait dans ma vie. – J’ai promis pour la fin du mois, un dessin à Mr Paillet et les deux autres seront faits le 30 Décembre. Tu m’as promis que si j’en faisais trois « d’affilée » il me seraient payés en leur entièreté. Je compte là dessus Mon Vieux. J’en aurai besoin. Veux-tu nous faire un grand plaisir ? : Viens dîner avec nous Mercredi prochain 25 à sept heures, sans façon avec quelques amis. C’est mon retour à la vie ! Peut être pas pour longtemps / mais c’est toujours cela de gagné.
À toi bien,
ton vieux fidèle quand même – F.R –