Hyères.
28 Décembre 1896 Var.
Mon cher Uzanne,
Reçu ton livre et ta lettre. Dans le premier j’ai constaté une fois de plus que mes dessins ne supportaient pas d’être traduits » mon pauvre « lecteur du Grimoire » en entrant à ton service a pris un petit air garçon de bureau tout à fait lamentable.
Pourquoi du reste un marchand de pianos ne prendrait-il pas pour enseigne, – en l’arrangeant, l’organiste du diable ? Un pharmacien a bien acheté à la vente dernière Drouot « ma goutte » pour en illustrer sa réclame. Il est vrai que ce scrupuleux potard ma demandé l’autorisation de la reproduction que je lui ai naturellement refusée d’ailleurs.
Les hardiesse de mes dessins prouvent assez qu’ils ne sont pas faits à l’usage d’aucun centre quelconque dans aucune république. mais pour ceux qui les admettent et les respectent dans leur entièreté, aussi peu respectables soient-ils. Ceux-ci sont les Ropsophiles, à cela je les reconnais. les autres sont les Ropsophobes et contre ceux la je saurai me défendre énergiquement.
Que « la lecture du Grimoire » soit ta dernière victime, et n’en parlons plus ni à Hyères, où cela a troublé mon soleil, ni ailleurs. – Il est des choses qui atteignent d’emblée leur summum. Quant à notre belle amitié je ne la renierai jamais, elle a été sincère de part et d’autre. Elle est morte jeune
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avant de faillir, elle a droit à tout notre respect. merci pour toutes tes bonnes intentions à mon égard mais les ignorant je ne pouvait t’en savoir gré.
Tu as acheté autrefois pour six mille francs de Rops c’est ton affaire et peut être une bonne affaire. La mienne est d’empêcher qu’elle devienne très mauvaise pour ma réputation d’artiste.
Cordialement encore
Félicien Rops