Lettre de Félicien Rops à [Léon Dommartin]

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J’espère qu’à l’heure où je t’écris Cher Vieux tu as des nouvelles de ta mère ; – dis-moi ce qui en est. – J’ai commencé à dessiner à aquareller & à peindre, enfin à mettre sur leurs jambes mes notes et mes croquis de guerre que je compte exposer en novembre à la Société Libre. Pour donner une plus grande valeur, – « dans l’ordre moral comme dans l’ordre physique » à cette great exhibition, je te somme de dire à tous les êtres que tu rencontreras que j’ai suivi l’armée Française & que j’ai rapporté de cette tournée en pays perdu les dessins « les plus étonnants.

Tu comprends l’effet de cette bourde légère sur les masses, – les moindres croquis gagneront aux yeux des imbéciles la valeur de document.

J’ai été en outre obsédé avant mon départ de demandes de « correspondances, j’ai promis « la chair est faible » à MmePopp pour le Journal de Bruges à Bardin pour le Phare de Blankenberghe (!) à Siret pour le Journal des Beaux Arts (!!) à Van Camp pour le Précurseur, à Victor Hallaux pour la Chronique etc etc – Naturellement je n’ai pas

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correspondu le moins du monde,inde iræ !

et je tiens à me dépétrailler.

Voici donc l’itinéraire fantastique sur lequel nous serons d’accord, – afin de ne pas nous couper :

J’ai été enfermé dans Metz je suis parvenu a en sortir et je suis revenu à Sedan en passant par Gravelotte Étain Longuyon & Montmédy – Nous avons visité Sedan ensemble – tout cela m’a empêché de faire mes correspondances mais cela m’a permis de rapporter des croquis tout simplement splendides.

– Je compte pousser jusque Blankenberghe par Bruxelles le Mercredi 28 septembre ou le Jeudi 29. – Si cela te va nous pourrions nous retrouver à Namur.

Je ne reste qu’un jour à Blankenberghe. Dans tous les cas écris moi quelques jours à l’avance.

À bientôt, n’oublie pas notre série de mensonges joyeux, et commence par en essayer l’effet –

in anima vili

– sur Émile Leclercq bon littérateur belge et excellent peintre – pour foutre par la fenêtre.

Je t’embrasse, je vais faire un croquis pour MmePopp – tu épouses une des demoiselles Popp, tu reprends le journal de Bruges, – tu habites à deux pas de la côte un de ces hotels merveilleux

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qui se louent 600 frs à Bruges nous bâtissons un chalet à nous deux sur la dûne & nous nous fichons des imbéciles qui ne voient pas juste dans les paysages.

J’oubliais ! Nous avons un petit cutter & par les jolis soleils de septembre nous allons pêcher la sardine, – à l’occident !

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