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Lundi 5 Déc 1887
Mon Cher Péladan,
J’ai reçu la planche, mais non le mot de MrEdinger me demandant de « lui faire pour le prix de trois cents francs le frontispice de votre livre »
J’ai toute confiance en MrEdinger que je crois un fort galant homme, mais j’aime que les choses se passent régulièrement.
En attendant je travaille, si cette planche parfaitement ignoble comme reproduction était pas trop difficile à arranger, j’en referais une autre voilà tout ! Et très vite.
Ah je ferai avec grand plaisir
L’Istar.
Et je tâcherai de la réussir la belle touchante & charmante Sainte-Sébastienne. Ce sera une façon de me venger de « la Province » ! – & de la venger aussi : Sainte Sébastienne! Rassurez vous Mon Cher Péladan, vous
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ne m’avez pas « vilipendé». Si vous m’aviez « vilipendé » cela ne se passerait pas de cette façon ; ce n’est pas directement mais indirectement que vous sembliez me mêler à des menaces que vous faisiez, en parlant d’une certaine dame.
Bref il vaut beaucoup mieux pour tous, & pour tout, que ce que j’aurai à vous dire soit remis au mois de janvier.
– Je crois Mon Cher Ami, que réellement vous avez suscité de telles jalousies, & d’un tel ordre, que vous ne pouviez autrement faire que de porter « le poids le plus lourd » de tout « le patin ». Et vous y résigner. C’était inéluctable.
– C’est étonnant comme l’honneur de l’estimable banquier, qui n’était guère en jeu, s’est trouvé, du jour au lendemain hérissé de défenseurs !
Admirable !
Je vous serre la main affectueusement.
Fély R
Commentaire de collaboration
Source: Hélène Védrine, Correspondance inédite, Félicien Rops-Joséphin Péladan, Paris, Séguier, 1997.